Source: FelixArchief no. 1968#817
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BOITE AUX LETTRES
Mlle Pacot, à Lyon. — Voici les adresses demandées: Pearl White: c/o Verande, 1 18, avenue des Champs-Elysées, Paris; Mary Pickford, Hollywood(Californie); Lucienne Legrand, 75, avenue Nie'l, Paris; Geneviève Félix, 35, rue du Simplon, Paris; Huguette Duflos, 12, rue Cambacérès, Paris.
André Hure. — La carrière cinématographique n’est pas aussi aisée que vous semblez le croire. D’excellents artistes ayan’ un brillant passé théâtral restent de longs mois sans engagement. Je vous conselille plutôt, de persévérer dans la banque, c’est plus sûr.
Paracelse. — Simplement en écrivant à l’un quelconque de nos metteurs en scène en lui proposant votre scénario. Si vous voulez nous indiquer celui ou ceux qui vous intéressent, nous vous communiquerons les adresses.
Daffodie. — 1. Nous parlerons de cette artiste lorsqu’elle fera une nouvelle création. 2. Cet artiste n’est évidemment pas très courtois pour la France et les Français, mais il n’est ni le premier ni le seul. 3. Tout à fait de vo.ïc avis en ce qui concerne le: films américains
Jehan. — 1. Robine n'a pasparu à l’écran depuis longtemps déjà. 2. Il est possible qtte cette nouvelle soit exacte, mais elle n’est pas encore officielle. 3. Ce film date, je crois, de deux ou trois ans.
Pierre Gillet. — 1. Le film Les Héritiers de l'Oncle James, avec Ginette Maddie, fut tourné à Nice et dans les environs. 2. Six mois environ. 3. Ce film fut tourné au Maroc.
Daniele Marguerite. — I. Ce film n'a pas encore été présenté. 2. La Société française Paramount, 63, avenue des Champs-Elysées, pourra, je pense, vous les procurer.
Mellena. — 1. J’ignore si cette artiste est aussi fière que vous le prétendez, n’ayant pas_ le plaisir de la connaître personnellement. 2. et 3. J’approuve votre goût en ce qui concerne ces artistes. 4. Rimsky a, en effet, réussi un maquillage extraordinaire dans La Dame Masquée; c’est justement le talent d'un artiste de savoir se transformer et de n’avoir pas toujours la même tête. Votre remarque sur Maupré est donc plutôt un éloge. Vous avez parfaitement raison de préférer les films français car, au cours de ces derniers mois, on en a réalisé de très beaux. Je vous supplie de ne pas me poser plus de trois questions dans une même lettre, la place me manquant déjà pour répondre à tous mes correspondants.
Mario Modal. — Même prière qu’à Mellena: ne me posez jamais plus de trois questions à la fois. 1. J’ignore absolument ce qu’est devenu cet artiste. 2. Même chose que pour Teddy. 3. Je ne pense pas que Gloria Swanson ait l’intention d’abandonner l’écran. 4. C'est pour créer l’atmosphère que certains metteurs en scène recrutent parmi les gens du monde une figuration bénévole. Les pauvres gens, comme vous dites, ne doivent pas attendre grand’chosç du cinéma qui nourrit plutôt mal son homme. Je parle, naturellement, des figurants, non des artistes.
Ciné et Sport. — 1. Oui, c’est le même film. 2. Je rennais des artistes qui sont d’excellentes maîtresses de maison et certains de nos jeunes premiers sont des maris modèles: ce sont leurs femmes qui répondent aux lettres
de leurs admiratrices. Les scènes d’amour que vous voyez à l’écran, si elles ne comportent que deux personnages, sont toujours jouées devant une quinzaine de personnes au moins, ce n’est donc pas très dangereux pour les partenaires.
Un Cinéphile Montpellierain. — Le Bossu, tiré de l’œuvre de Paul Feval, est mis en scène par Jean Kemm et interprété par Gaston Jacquet dans le rôle de Lagardère, Desjardins dans celui du Régent, Arnna et Pré fils dans les rôles de Passepoil et Cacardasse, etc.
Popohne. — 1. Je serais bien embarrassé pour vous renseigner sur cette artiste que l’on n’a plus revue depuis longtemps. 2, Il faudrait m’indiquer le titre du film pour que je puisse vous renseigner.
Madianne. — Vous êtes trop jeune. Aucun metteur en scène ne consentirait à vous employer. Plus tard, peut-être...
Hélène. •— Voici 'les deux adresses demandées: René Navarre, 44, rue Taitbout, Paris; Génica Missirio_ square Judlin, Paris (15e arr.). Oui, nous publieroi-sans doute des interviews de ces artistes.
Lilian la Petite Sauvage. — 1. Je ne sais pas encore quelle sera la prochaine production de cet artiste. 2. Mosjoukine a été très aimable de vous répondre aussi rapidement. 3. Jaque Catelain, 45, avenue de la Motte Piquet, Paris.
Blanche Raymond. — Nous vous communiquerons les adresses que vous nous demanderez, mais nous ne nous chargeons pas de transmettre les lettres.
Rylo. — 1. Le prix de l’abonnement est de 1 5 francs par an. 2. Jaque Catelain, 45, avenue de la Motte Picquet, Paris.
Robert Monet. — 1. Oui. Mais à notre grand regret, la place nous jnanque pour les publier. 2. Merci pour vos félicitations, auxquelles nous sommes très sensibles. 3. Parce que cela intéresse les lectrices. 4. Nous ferons notre possible pour vous donner satisfaction sur ce point. Les frais de papier, d’impression, et de rédaction sont déjà considérables; étant donné le prix minime de Ciné-Revue, cette amélioration dépendra du nombre de lecteurs et, surtoüt, d’abonnés que nous aurons par la suite. 5. La Charrette Fantôme passe actuellement au Cinéma Carillon, boulevard Bonne-Nouvelle, Paris, mais j'ignore si on donnera à nouveau ce film dans les cinémas du quartier. 6. J’ai déjà prié instamment mes correspondar, de ne pas me poser plus de trois questions dans un«, même lettre.
Doug d'Ariagnan. — 1. Une artiste ne donne jamais son âge; celle-ci doit avoir une vingtaine d'années. 2. Italien ou Américain. 3. Vous aurez très prochainement satisfaction.
Joselito de Malaga. — I. Raquel Meller commencera prochainement la réalisation d’un film dont le scénario original est dû à Pierre Benoit. Les extérieurs seront tournés en Transylvanie, mais le titre de l’œuvre n’est pas encore définitivement arrêté. 2. Personne n’en sait rien encore. 3. Ce film n’a pas encore été présenté et il ne passera donc pas dans les cinémas avant' le courant de l’été. 4. Je n’ai jamais entendu parler de ce détail, qui n’a d’ailleurs aucun intérêt pour le public.
John y Clear Film. — Il est possible que ces trois artistes tournent en ce moment, mais je n’ai vu leurs noms dans aucun film en préparation. 2. Oui, nous donnons l’adresse des artistes lorsqu’ils nous y autorisent.
Lilian. — 1. L’artiste que vous me citez est beaucoup plus connu au théâtre qu'au cinéma. 2. J’ignore s’il est marié et, d’ailleurs, quel intérêt cela peut-il avoir pour le public? 3. C’est le fils de l’artiste de la Comédie-Française. 4. Une artiste ne dit jamais son âge: elle a celui qu’elle paraît. 5. Je vous donnerai dans un prochain numéro le titre du premier film tourné par Huguette Duflos.
JEAN PUR-FILM.
1Première année
JlGeJx&>rncuûuÀje Le Joude
. ’/\xl hOTRE VEDETTE HEPNRI BAUDIPS Arriviste temps où nous tournions Les Trois Mousquetaires des crocs savants et bien à nous, ornaient nos livres. Après les séances de prise de vue il est vrai, nous ressemblions plus à de “chiens du commissaire,, qu’à.de modernes gentlemen, se devant, pour être au goût du jour, Une «cène de l’Arriviste, représentant une séance de la Chambre de députés. A la tribune, Henri Baudin, dans le role de Claude Barsac. d'une dure broussaille que devait à la longue me donner un physique à la Tolstoï. Sortir avec ce chiendent aux joues, il n’y fallait pas songer: mes amis me couvraient de sarcasmes, ma concierge m’accusait de n’avoir plus le sou pour me faire raser, enfin j’étais devenu indésirable; je reçus meme d’une admiratrice un étui Gillette et ces mots; “Avec ce rasoir, faites place à mon baiser,,. Avoir supporté tout cela, et voir l’engagement rompu avec la firme éditrice, c’était être guignard. J’ai plaidé, et les 5,000 francs de dommages et intérêts ne furent pas de trop pour calmer ma rancœur! — Au moins avec le maquillage de tels aléas ne sont pas à craindre? .„ — Oui et non, quand on s’en tient à l’affinage ou à la correction des traits d’un coup de crayon, nécessité inéluctable, méthode que doit posséder à fond tout comédien. Ces jeux d’ombre ont d’ailleurs, une grande importance, puisque grâce à eux, on semble redresser le nez, amincir l’ovale du visage, fair saillir les pommettes, ou enfoncer l’œil dans l’orbite, ad libitum Le maquillage La mise à l’écran de Salammbô remet en vedette la figure puissante d’un de nos meilleurs as de l’écran, de celui dont la foi intense et le jeu magnifique animèrent les roles de Rochefort (dans mmLes Trois Mousquetaires), de Sarati, •j de Henri IV, et que nous vîmes ces jours-ci créant le personnage tourmenté de Spendius. Celui là est passé maître dans l’art de se composer une “ tête „ de caractère: artiste consciencieux, jusqu’à confier un travail lent de la nature le soin de compléter son type. 11 m’est arrivé, nous a-t-il dit, de laisser pousser complètement ma barbe et ma moustache quand le rôle l’exigeait; le postiche ne" saurait selon moi donner l’illusion parfaite de la vérité. Au Henri Baudin de paraître au public, glabres comme des enfantelets . Ma “religion de la vérité,,, continue l’interviewé, qui devine combien nous sommes friands d’anecdotes vécues, m’a, en certains cas, joué plus d’un vilain tour: excédé du temps perdu a remettre en bonne place ma barbe de “vert galant,,, j’avais décidé que dans "Anna Karénine,,, je serais vraiment le personnage du rôle, au physique comme au moral. Homme de précaution, je laissai donc mon menton s’ornementer (?)
inspire en somme des. principes de la sculpture, puisqu’il traite par méplat d’ombre et de lumière, et ne tient compte du facteur tons et .couleurs que pour autant que la photogénie de celles-ci influence l’expression
— Mais vos méthodes de défiguration, de flétrissement de l’épiderme, quel en est le secret?
„ — Pour créer cicatrices et brûlures, par exemple, le procédé est des plus délicats Il consiste dans l’emploi d’une mince
Deux scènes de la Porteuse de Pain avec Henri Baudin (a droite) dans le rôle de Jaques Garaud.
pellicule de baudruche collée à même le visage, et que l'on plisse ou égratigne aux endroits ou doivent figurer les blessures. Bien fait, ce maquillage garde toute la souplesse de la peau, mais ou il manque de saveur, c’est lorsqu’on le détache; ajoutez à cela la difficulté de reproduire, plusieurs jours de suite, exactement les traits,
corrodés, ou
k«-. couperosés de
pHk même...
— Mais enjjy core.
ifc'W jr side
pas tout l’art de celui qui prétend incarner son personnage...
A gauche: Rolla Norman et Henri Baudin, incarnant respectivement Matho et Spendius, dans Salammbô. droite . Une scène de La {Bouquetière des Inocents, avec Henri Baudin dans le rôle du Pert galant.
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L’Inhumaine
PROGRAMME du 20 au 26 MARS
PROGRAMMA van 20 tot 26 MAART
LTNHUMAlNE » est une femme, Claire 0 Lescot, cantatrice. q
Son charme et son intelligence lui- valent > une cour d adorateurs nombreuse et bril- lante. Mais elle se joue d’ejix, et si elle leur 0 promet son amour, c’est pour les mieux dé- sespérer.
Un jeune ingénieur, Einar Norsen, va se @ tuer pour elle...
Et l’on assiste alors à une admirable course de l’auto à la mort, où la tête du con- > ducteur, déformée, multipliée par la vitesse, semble décapitée par le vent. 11 mène son 0 auto en trombe, jusqu’au moment où la voù ture gravit le talus et tombe dans le gouffre!...
Que vâ faire Claire?
Regretter? Souffrir? Sourire?...
Indifférente, elle chante comme d’habitude aux Champs-Elysées, devant une salle houleuse, qui ne pardonne pas à la femme .J.0 son cynisme provoquant. Mais elle est inhu- maine, et croit l’être jusqu’à ce que son »J* cœur l’emporte et que des larmes libératrices jaillissent de ses yeux.
MARCHE....J, Musse net
PATHE - REVUE
I.A PLUS QUE LENTE....Debussy
Valse F
Georgette LEBLANC et Jaque CATELAIN
dans
L’Inhumaine
Comédie dramatique
Pendant la Pause
Récita J pour Orgue
MARSCH .
PATHÉ
J. Massenet
REVUE
' I De Onmenschelijke ||
la plus QUE LENTE....Debussy
Wals
Georgette LEBLANC en Jaque CATELAIN
De « Onmenschelijke » Claire Lescot, een zangeres
is een vrouw: *?*
Begeerd wordt zij door alle mannen doch
De Onmenschelijke
Dramatisch tooneelspel
tijdens de Poos
Récita al voor Orgel
Semaine prochaine
A PARTIR DE VENDREDI 27 MARS
PREMIERES REPRESENTA
l(li
S DU FILM SENSATIONNEL
Le Rayop Mortel
enterprété par Shirley MASON et Buck JONES
Une mise en scène unique et formidable.
Une intrigue passionnante. De la stupeur et de l’amour
zij speelt met hun passie en belooft zij hen .
liefde dan is het om hen vrijer nog tot wan-
hoop te drijven.
De jonge ingenieur Einar Norsen gaat zich 0
dooden, voor haar. Ç
Hij snelt heen in een koersauto en stort zich als een lawine in den stroom die zich £ Ç over hem sluit.
Wat zal Z// doen?
Lijden! berouw hebben! Lachen! Onverschillig zingt zij als altijd in, den ** schouwburg en lacht, voor een woelige zaal 0.«, opstandig tegen dat vrouwen-cynisme. Zij *** is de « onmenschelijke » tot bij de ontknoo- @ ping, zij haar waar gelaat toont, wanneer v verlossende tranen wellen in haar oog en ,
over haar komen als een groot Berouw en!
een groote toerusting. •'
C’est sur ce scénario que M. Marcel L’Herbier, qui s’est entouré des artistes les plus illustres de la jeune école d’art français,
.* a basé son film. Le rythme des images, leur enchaînement, la subtilité des lumières,
0 maniées comme les couleurs les plus rares,
font de L’INHUMAINE une œuvre particu-
j* lière qui ouvre un large horizon aux relations
*jj*0 cinématographiques de demain.
A PARTIR DU VENDREDI 3 AVRIL LE GRAND FILM D’ART
LE MIRACLE DES LOUPS
Partition musicale de M. Henri RABAUD pour Chœur-mixte, Orgue et grand Orchestre
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Matho et Spcndius (H. Baudin) dans Salammbô. Une «cène de l'enlèvement du Zaïinph.
Spendius (H. Baudin) dan* Salammbô, essaie de fomenter une révolte parmi les mercenaires.
attraper sa carcasse morale, c’était autrement difficile et tout aussi indispensable,
— Mais encore, cettey carrure physique, comment l avez-vous obtenue?
Je me fis confectionner un énorme plastron bien capitonné, et en rembourrai mes pectoraux. Il faisait torride en Algérie, où se situait l’action, j’étouffais littéralement sous ma carapace ouatée, et mes amis allèrent jusqu’à prétendre que cette tournée-là m’a fait maigrir de vingt livres — mais n’en croyez rien!
Et les anecdotes, et les sailliers de se suivre en crescendo. Nous ne les saurions citer toutes, mais retenons celle-ci parmi les meilleures:
C’était, nous dit Baudin, lors des prises de vues de L\/3ssommoir; dans un petit village, Charles Baudrioz rencontra une femme âgée, Mère Annette, qui ignorait jusqu'à l'existence de « cette mécanique de cinéma. » Au pied levé, le réalisateur l’engage pour tourner un role dç commère indignée contre.« l’assassin > que j'étais. On fit à cette naïve et bonne âme un portrait des plus poussés .de ma personne, si bien qu’après le jeu de scène elle continua à me poursuivre et m’en... guirlan-der sans mesure. La Mère Annette, avec Nanouk, les petits paysans figurant dans Mireille et quelques autres artistes sans le savoir, ont bien mérité du cinéma!
Mais il nous tarde d’exprimer notre admiration pour toutes les excellentes créations de Baudin, et particulièrement pour celles de Sarati, de 1 Arriviste, et — dernière en date — celle de Spendius. 11 n’est pas possible en effet sans tomber dans d’ennuyeuses énumérations, de citer tous les rôles par lesquels notre vedette de ce jour a illustré le cinéma français.
£e qu’il importe de dire cependant et ce que nos lecteurs trouveront prochainement dans l’article traitant de' la mise à l’écran de Salammbô, c’est la part prise par Baudin dans cette œuvre de grande envergure, c’est l’art consommé avec lequel il a réussi un des rôles les plus ardus qui puissent être confiés à un artiste de ciné.
Puis, terminant ces courtes lignes consacré s à un des meilleurs nôtres, rappelons comment Henri Baudin lui-même a clos l’entretien qu’il nous consentit:
„ Le cinéma, c’est la Lampe Merveilleuse, merveilleuse comme celle d'j4ladin. Le cinéma erst appelé à être plus qu’une attraction. Demain, il sera la langue universelle de diffusion de la pensée et de la science; demain, il nous fera revivre intensément dans le présent et dans le passé; demain, les archives, la docu* mentation historique qu’il aura rassemblés, constitueront des données irréfutables au rétablissement des faits; et puis, et surtout, il sera le mode d’instruction le plus puissant pour tous, petits et grands.
„ C’est cela que le public, seulement amateur de belles images, devrait comprendre, dès aujourd’hui, en même temps qu’il devrait s’indigner des inepties dont certains producteurs encombrent le marché. Cherchez-vous une finale d’interviews pour votre “ papier „, Monsieur le rédacteur? Terminez par mes modestes conseils, voulez-vous? „
„ O Public, cher et sensé Public notre seul vrai juge, notre seul bon critique, — pourquoi restes-tu amorphe devant des œuvres telles que Don Juan et Faust, tCanouk l’Esquimau, L’Expédition Shackleton, Jocelyn, Les Trois Lumières..., certains films suédois... et tant d’autres productions.. Pourquoi, ô Public, n’ap-prouves-tu pas?... Ce n’est pas l’usage?... Sauf pour les matches de boxes, n’est-ce pas? „ MARCO.
Marquisette et Baudin dans L’Arrioitle.
Baudin et Camille Bert (l'Inconnu) dans L’Arriviste.
LOUIS FEUILLADE N’EST PLUS...
*M. Louis Feuillade, décédé à Nice, le jeudi 26 février 1925
11 a fini en artiste; selon la formule de Goethe “ il n’a consenti à mourir .,, qu’après avoir terminé l’œuvre en chantier. C’était Le Stigmate, film en six chapitres, dont nous * entretiendrons bientôt nos lecteurs. Les dernières scènes à peine tournées, des nouvelles inquiétantes p a r v i n -rent de Nice concernant la santé du maître Louis Feuillade.
Mais au lieu d’un bulletin de santé rassurant. nous avons appris que dimanche 22 février il avait été pris de vomissements accompagnés de forte» fièvres. Malgré l’interdiction du médecin, et l’opposition de Mme Feuillade, le malade se leva et but coup sur coup deux grands verres d’eau Cette imprudence fût sans doute la cause initiale de l’ap-pendicite foudroyante compliquée de péritonite que les médecins appelés en consultatfon diagnostiquèrent. L’opération s’imposait immédiate; elle fut inutile; après 36 heures de lutte, le jeudi, 26 février, la mort eut raison de la forte constitution du patient
Avec Louis Feuillade disparaît un des grands noms de la cinématographie, car il fut un des premiers à la comprendre, à la servir, à l’honorer. " Ciné-Revue „ est parmi ceux qui sentent le plus le vide qu’il laisse après lui, et adresse à la veuve et à la famille du grand réalisateur, l’expression de sea condoléances émues.
Louis Feuillade était né en 1872, à Lumel. 11 avait fait de solides études à Carcassonne et à Monpellier, et ceux qui accusent le cinéma d’être aux mains d’ignorants étaient loin de se douter que le Doyen des metteurs en scène était un latiniste distingué.
II avait débuté dans les lettres, à Paris, comme rédacteur au journal “ Le Soleil „. Il avait fondé également une revue tauromachique, car il était en sa qualité de méridional, un “ aficionado „ convaincu. Il écrivit ensuite quelques romans-feuilletons; puis l’art muet venant de naître, s’y dévoua tout entier.
D’une fécondité d’imagination inépuisable, oh lui doit plus de huit cents films, C’est à peine si, dans ce nombre, il en emprunta le sujet pour quatre ou cinq. Composant lui-même le scénario de ces œuvres dont quelques-unes sont des ouvrages de longues haleine, il fut le premier à transporter à l’écran le film à épisodes. Parmi ceux-ci il convient de citer ses chefs-d’œuvre: Fantomas, Judex, La Nouvelle Mission de Judex, Barrabas, Tih-Mine, Les‘Deux Gamines, L’Orpheline,
‘Parisette, Le Fils du Flibustier, Vindicla et Le Stigmate.
Ce qui était remarquable dans son talent c’est qu’i 1 était en perpétuelle évolution. Conservant une égale et 1 sûre maîtrise, Louis Feuillade était toujours semblable à lui-même sans être jamais pareil. 11 se diversifiait chaque fois, inventant toujours du nouveau. Mais aimant le public, il ne lui donnait que des choses qui puissent lui plaire. Son champ était vaste, ainsi, et ses moyens lui permettaient de prétendre à tous les succès. L’auteur qui avait créé le prologue de Darisette pouvait aspirer à tous les triomphes.
Louis Feuillade aimait la lumière. Elle lui était chère dans les idées comme dans la photographie. Il ne recherchait pas l’étrangeté, mais restait un classique de l’écran avec la verve copieuse du génie national. Merveilleux architecte dramatique, ses films pleins de sens et de bons sens étaient charpentés avec une conscience et une sûreté encore assez rares; et nul mieux que lui, ne savait passionner les foules par l’intérêt et l’imprévu des intrigues.
Il disparut en pleine activité productive; héjfis, les projets qu’il fit pour la fin de cette année — et dont nous reparlerons — ne pourront être réalisés. .Du moins pour ceux qui aimèrent et admirèrent l’œuvre et l’artiste, est-ce une consolation de voir combien unanime fut la douleur causée par sa disparition, et combien chez nous, comme par delà nos frontières, l’écho de sa mort aura soulevé de regrets et de sympathies. CINÉ-REVUE.
êroqttis ef(3aricatares
envoyés par nos lecteurs
JD s»
Suite à notre invite, de nous faire par-» venir caricatures et dessins d’artistes de ciné, c’est par centaines que celles-ci se sont - succédées: il nous a
fallut nous borner k faire un choix parmi les mieux tenues, les plus originales, et celles
trahissant un talent naissant ou - -
déjà mûri, nous excusant de ne pouvoir reproduire tous les croquis reçus. D’ailleurs, dans notre prochain numéro, nous continuerons la série commencée au» jourd'hui; et par la suite, chaque fois que nous nous attacherons à donner des dé-- tails sur la carrière de quelque artiste de marque, nous ne négligerons pas d’illustrer celle-ci de quelque dessin y ayant trait, et que nous devons au talent et à l’amabilité de nos lecteurs. C.-R.
accu
LA GBOÎADE GOIÏÏBE Vc//WmmiL
Il y a plus de deux ans déjà...
On disait Wallace Reid en traitement, on faisait prévoir une assez rapide guérison — sans qu'on divulguât le mal qui le minait — quand un câblogramme répandit la fatale nouvelle:
Wallace Reid, one of the most popular stars in motion pictures, died January 18th, at the Los Angeles Sanatorium, where he Was been ill for about two months.
Et l'on apprit alors aussi les causes de la mort.
Deux mois avaient donc suffi
pour faire de ce puissant athlète, de ce bel homme, de cet admi- \ rable artiste, de ce cerveau clair \ et subtil, une proie pour la \
tombe. C’est que la Drogue, est vefflk "
Tel, dans le scénario mis en scène par Dorothy Davenport, et ou elle-même joue un des rôles de premier plan, un intellectuel cherche un stimulant nouveau dans la morphine. C’est un juge, jeune encore, mais surmené; son médecin a cru donner un salutaire coup de fouet à ses sens en lui ordonnant de prendre de la drogue. IV.ais bientôt, après les premiers effets salutaires, le poison devient son maître; et lui, esclave d’une passion qui flatte et trompe à l’origine, pour mieux juguler sa victime, voit son foyer lentement détruit, les siens démoralisés, et le bonheur menacé. Sa femme même est prête à tomber sous l’emprise du
Mrs Wallace Reid (Dorothy Davenport) qui entreprend le bon combat contre le fléau des stupéfiants
une maîtresse tyrannique, et jalouse, au baiser mortel.
Wallace Reid n’est plus, il depuis deux années déjà fj et nul dieu du Cinéma ne I nous a rendu son pareil. 1 Mais du moins, ceux qu’ils laissent après lui, ont compris la leçon.
Après les affres d’un chagrin indicible, et les soucis qu’entraîne toujours la disparition du chef de la famille, Mrs Wallace Reid — très connue avant son mariage, sous le nom de Dorothy Davenport, artiste cinégraphique de grand talent — décida d’entreprendre la bonne croisade contre le Poison, destructeur de foyers, mangeur de vies.
Sauver de l’abandon, de la misère et du deuil, d’autres foyers menacés par la Drogue, fut dès lors son unique objet. Et puisque, plus que la presse et la parole, le film est aujourd’hui le meilleur moyen pour toute propagande, heureuse ou funeste, c’est par l’intermédiaire de l’écran, qu’elle prêcherait la nouvelle croisade.
Elle tourna, et vient de terminer Le Fléau dt VHumanité, une œuvre qui s’annonce suffisamment captivante pour que la leçon qu’elle recèle soit acceptée et apprise, sans qu’on ait l’impression d’entendre une voix qui sermonne; *1 n’est point possible pourtant de retracer en détail les diverses phases du drame, profondément humain, et qui évoque en maints endroits le calvaire même que gravit Dorothy Davenport, tandis que la vile et abrutissante passion annihilait l’esprit et les forces physiques de Wally; car Reid, lui taussi, usa d’abord de la Drogue comme stimulant, croyant que des sensa ions nouvelles feraient naître en lui des aspects nouveaux de la vie, une sensibilité autre, propre à développer son talent et son sens artistique. Puis vint l’époque où la seringue de Pravaz devint son compagnon de tout instant, le détachant sans cesse davantage de tout autre bonheur que la jouissance factice que crée l’abus du poison destructeur.
A droite; Wallace Reid. le meilleur jeune premier d’Amérique qui fut arraché à l’affection des siens et k l’admiration des cinéphiles du monde, il y a plus de deux ans. Cause de sa mort: l’abus des stupéfiants.
Harry Northrup. preparateur des Drogues qui minent la santé et détruisent le bonheur des foyers.
Un ami de James Kirkwood (d droite) et de Mrs Wallace Reid, leur lit un article dans lequel on déclare la guerre aux stupéfiants.
rencontre d’auto et de locomotive, dans le Fléau V Humanité.
L'Amour maternel, personnifié par Bessie Love, dans Le Fléau de Y Humanité.
mal rongeur: ne l’a-t-il pas surprise maniant la fatale seringue? Cette vue réveille en lui la voix de la volonté et celle du devoir. Après un combat forcené avec le poison enjôleur et perfide, il parvient enfin à se débarrasser de son emprise; et une nouvelle aube de bonheur. de confiance et de joie illumine son foyer.
Il faut saluer d’encouragements les efforts de tous ceux qui se sont donnés pour tâche de canaliser, et de détruire les effets de fléaux tels que la morphine, l’o'pium et la “ coco „, Chaque année, en effet, des milliers de jeunes intelligences et de vitalités que l'avenir semblait appeler à produire et à agir pour le plus grand bien de la communauté, sombrent sous les atteintes du poison destructeur. 1 a croisade entreprise en Amérique aura, il faut l’espérer, son retentissement en Europe, où dans maint grand centre, et surtout dans les capitales, le fléau continue sans arrêt son oeuvre démoralisatrice.
Et chez nous le mal n’est point non plus négligeable. Il est loin, le temps où “ la neige „ était une spécialité de Montmartre!
En dix ans, la coco a répandu sur le monde entier sa traînée blanche. On prise dans les clubs de Londres, dans les gratte-ciels de New-York, dans, les Giftenhausen de Berlin.
On prise au Canada et en Argentine, en Allemagne et en Espagne, en Angleterre et en Italie, en Russie et en Grèce; si l’on ne prise pas en Chine, c’est que la royauté de l’opium n’y est pas encore à son déclin. Les régions les plus isolées et les plus lointaines ont reçu la cruelle visiteuse'; on prise à Java et à Saint-Pierre et Miquelon! Farrère, déjà, écrivait dans Fumée d'opium:
La mort autour de moi, rôde et stagne. Elle bloque la porte et la fenêtre; elle rampe dans la salle, elle s’épanouit entre les molécules de l’atmosphère, elle entre dans mes poumons avec la fumée noire, et quand je rejette .laTumée, elle ne sort pas. „
Nierons nous le charme des tableaux de ce genre? Mais c’est un charme pervers, conduisant à* la folie, au sadisme, à la mort, et incompatible avec notre activité d'Occidentaux, obligés de soutenir le dur “ struggle for life et conscients de no re valeur civilisatrice et créatrice dans le monde.
MARCO.
Une scène du Fléau de l'Humanité.
Hi
Et c’était à Ashley Court qüe Butler venait le plus souvent se reposer des fatigues d’une campagne. Il y trouvait une table abondante et un »accueil courtois.
Bien qu’il eût soin que son armée de blancs et d Indiens demeurât au large — car il savait de quoi elle était capable: propre à piller autant chez l’ami que chez l’ennemi — il n’avait pu empêcher que le capitaine Hare ne l’accompagnât. Hare, en effet, aimait ce qu’il appelait « la vie de château », et, lorsqu il était à Ashley Court, il n’était guère fréquentable que pendant les premières heures de la journée.
A partir de midi, il cuvait ordinairement son ivresse dans une grange, ou rôdait dans les environs à la recherche d’une mauvaise action à commettre.
L’affreuse renommée de Butler et de Hare n’avait point atteint d’ailleurs Ashley Court. Comme je 1 ai dit, ils laissaient toujours leurs armées en arrière et Hare évitait de se « déguiser en sauvage » lorsqu’il était l'hôte de Ashley Montague. Il tie pouvait faire, cependant, que son visage n’inspirât la terreur.
Il avait une face qui semblait écrasée à coups de poing, un nez déformé et des yeux petits et méchants.
Or, cette brute ayant rencontré Nancy Montague
A droite:
Le marquis
de Lafayette
prit le commande ment
de I ’ armée
Je ne vois personne à qui j’accorderais plus volontiers la main de ma fille qu’à vous, capitaine Butler.
Et Nancy s’était hâtée de disparaître. Elle ne songeait qu’à Nathan, elle souffrait de ne point le voir et d’être sans nouvelles. Qu'était devenu le jeune homme dans cette guerre impitoyable? Elle souffrait en songeant que, s’il était tué, il n’y aurait personne pour l’en prévenir.
Dans ce milieu de Ashley Court, où elle n'aurait dû trouver que des amis, puisque c’était en somme quelque chose comme l’état-major du royalisme, elle se trouvait mal à l’aise. Butler même commençait à lui inspirer de l’effroi. Elle sentait souvent peser sur elle tes regards du capitaine et quand elle l’observait, elle se doutait
POUR L’IÏÏDEPEÏÏDAÏÏOE
.Au-dessus: Butler était
reçu en ami à Aahley-Court.
droite: — Di* à tou* le* membre* du clan que Mi** Montague né devra jamai* être molestée car elle porte la masque de Joseph Brant.
quelques jours après son arrivée à Ashley Court, se mit à la convoiter ardemment.
Mais il s’aperçut qu’il chassait sur le terrain de Butler et il eut la sagesse de cacher sa passion. Le capitaine Butler ne plaisantait point avec ses affaires privées et ne permettait à quiconque de s’opposer à ses désirs ou de se mettre en travers de son chemin.
Et Butler se considérait comme le fiancé officiel de Nancy.
Il avait d’ailleurs quelque raison pour cela. Nancy, en effet 'accueillait avec une certaine sympathie, car il savait, dans lesi salons, masquer ses instincts sauvages et faisait preuve de recherche dans sa tenue.
On le considérait généralement comme un guerrier brave et énergique et l’on supposait que nul mieux que lui n’était capable de réduire la résistance des Américains.
11 avait dit à Nancy en s’inclinant:
— Je ne suis ici que pour vous voir.
Et comme Nancy baissait la tête et rougissait de confusion, ne pouvant se faire à l’idée que le capitaine Butler songeât à se faire aimer d'élle. Sir Henri, se méprenant sur l’embarras de" sa fille, et croÿant à une douce émotion, déclara:
qu’il n’était pas, au fond de lui-même, aussi courtois ou aussi soumis qu'il tentait de le faire croire..
Et chose extraordinaire, c’était dans la présence du chef indien, Joseph Brant, qui faisait parfois de courtes apparitions à Ashley Court, que Nancy trouvait la protection qu elle cherchait.
Joseph Brant, chef de clan, implacable ennemi des Américains, guerrier redoutable au combat, était néanmoins instruit et civilisé. 11 était allié de Butler par haine pour l’Amérique, mais c’était, au fond, la haine des envahisseurs qui l’avait fait prendre les armes, et, cette guerre achevée, il méditait d’en commencer une autre.
Or. Joseph Brant avait pris Nancy en amitié. Comms. tous ceux de sa tribu, il respectait les femmes et il savait
sures de l’hiver. Ils n’avaient point voulu abandonner ce poste situé sur la ligne ordinaire des armées de Butler.
Ils savaient bien que s’ils évacuaient Valley Forge, les Anglo-Indiens pénétreraient davantage dans le pays et qu’une nouvelle zone de dévastation s'ajouterait aux ailtres.
Alors, ils tenaient, enfouis dans la neige la nuit et le jour, protégeant les convois et se mettant parfois à cinquante pour traîner un chariot immobilisé.
Et quand les hommes de Butler étaient signalés dans la région, ils accouraient sur le lieu du carnage et, malgré leur petit nombre et leur faiblesse, ils arrêtaient quelquefois le massacre.
Or, les exploits de Butler devinrent si féroces et sa guerre si contraire aux lois humaines, que Washington, apprenant les derniers massacres, entra dans une de ses rares mais terribles, colères.
En plein conseil de guerre, il frappa st violemment une table de son poing, qu’elle lut renversée et fendue.
Le général Morgan, qui avait sous ses ordres les tirailleurs de frontière, proposa d’envoyer Nathan Holden chasser du Nord les troupe? de Butler.
Nathan Holden était maintenant un des plus adroits capitaines des armées de l’Indépendance. Il commandait une compagnie de ces fameux tirailleurs de Morgan qui portaient sur leur veste cette devise: « La liberté ou la mort ».
— La frontière doit être libérée.
Le général Morgan connaissait, les mérites de Nathan Holden, courageux et discipliné, et il savait que nul mieux que le jeune capitaine n’était capable de s’attaquer à Butler.
Il fut donc appelé près de Washington qui lui donna lui-même son ordre de mission.
A Valley forge, le premier hiver.
trop comment Butler et ses en usaient généralement avec Un jour, au moment où il se rait à repartir pour le Nord et qu on buvait à ses succès dans le salon de Ashley Court, le chef Indien s’approcha de Nancy et lui dessina sur le poignet les deux flèches croisées qui - servaient à ses hommes de marques de reconnaissance.
Et à haute voix, parlant à son, courrier privé qui l’accompagnait à la guerre, il prononça les paroles suivantes qui faisaient de Nancy un personnage sacré:
— Dis à tous les membres du clan, que Miss Montague ne devra jamais être molestée, car elle porte la marque de Joseph Brant.
Et Butler, qui assistait à cette scène, n’osa pas sourire, pas plus que le capitaine Hare, mais l’un et l’autre savaient bien que Joseph Brant n’était pas toujours présent à Ashley Court
L’hiver augmentait les souffrances de l’armée américaine.
Les soldats mal vêtus, mal équipés, mal nourris, obligés ' parfois de coucher dans la neigé sans couvertures, ne voyaient pourtant pas diminuer leur force morale.
A Valley Forge, un des points les plus au nord des Etats, huit cents hommes demeuraient malgré les mor-
— La frontière doit être libérée. Prenez votre compagnie et faites votre devoir. Je regrette de ne pouvoir vous donner d’autres hommes, nous devons les ménager.
Nathan Holden se prépara aussitôt. 11 choisit pour point de départ de son expédition: Ashley Court. Il savait que Butler y fréquentait et c’était une bonne raison. Et puis, il en avait une autre. A Ashley Court il aurait peut-être des nouvelles de Nancy.
Or, ce fut à ce moment qu’un grand appui fut donné
I2 à l’Amérique. Traversant l’océan, le jeune major général marquis de Lafayette venait au secours des opprimés e' mettait son épée au service de George Washington.
Se'on les ordres du commandant en chef, le marquis de Lafayette prit le commandement de l’armée du Nord et Nathan Holden fut placé sous ses ordres.
Ce fut à Ashley Court que les deux hommes se rencontrèrent et élaborèrent leur plan d’action. .11 ne fallut pas plus qu'une nuit pour que ces deux officiers ardents et audacieux se missent d’accord. Lafayette amenait avec lui l’aide généreuse de la France, des hommes, des munitions et des équipements. 11 reconstitua pour ainsi dire l’armée des tirailleurs de Morgan et fit couvrir la frontière nord de patrouilles extrêmement mobiles qui inquiétèrent sans relâche les troupes de Butler.
Et Nathan fit mieux que d’avoir des nouvelles de Nancy.
Le lendemain même de son arrivée, au moment où il allait entrer dans le château, il rencontra un grand homme maigre qui transportait un parapluie et un vaste portemanteau.
— Hé! je ne me trompe pas. s’écria-t-il, c'est le vieux Jacob!...
Le cordonnier eut un sursaut en le voyant.
— Allons bon! ex-clama-t-il, vous voilà encore, vous! On se bat donc encore par ici? Mais où aller, mon Dieu! où aller!
Il n’y a que plaies et bosses dans le Midi... Je viens au Nord et je trouve encore des fusils-
Jacob Hiers passait sa vie à aller du Sud au Nord et du Nord au Sud. cherchait en vain le coin tranquille où sa poltrnonerie put se trouver, en sécurité.
Et jamais il ne goûtait une nuit complète de repos, toujours quelques coups de fusils venaient troubler son sommeil.
11 se hâta d’entrer au château par les communs et de chercher la chambre la plus cachée, la plus hermétiquement close.
Nathan entra. C’était le matin ej le hall lui parut d’abord abandonné. Nul domestique ne se présentait pour l'introduire. Il pensa:
— C’est vraiment l’état de guerre. Suis-je en pays conquis?
11 avança et voilà qu'au bout du hall un rideau se souleva et qu'une silhouette apparut. Nathan demeura figé sur place et muet d'étonnement.
. C’était Nancy elle-même.
11 ne fallu? guère de temps pour que les deux jeunes gens sc rejoignissent. Nathan avait à donner une nouvelle. importante, une, grande nouvelle qui lui tenait à cœur.
Dès qu'il eut vu Nancy, il fouilla dans la poche de sa veste et. en sortit un papier. C’était un arrêt de la cour martiale qui prouvait que Nathan n'avait point tiré sur Sir Henri à Lexington. Le coupable, celui qui aval* appuyé sur la gâchette, avait été découvert et Nathan apportait la preuve de son innocence..
Nancy apprît cette nouvelle avec bonheur. Son amour en était tout réconforté, elle pouvait témoigner à Nathan sa joie cfe le revoir.
Et dès qu'il eut goûté cètte sorte d’extase silencieuse qui les laissait en face l’un de l’autre, attendris et muets, Nathan parla.
— Au milieu des pires souffrances, votre pensée ne m’a pas quitté un seul instant.
Nancy eut alors, après un mouvement de joie, une expression de mélancolie.
— Vous connaissez, dit-elle, les sentiments de mon père à l’égard des rebelles. Il a déjà tant souffert que je me sentirais bien coupable s’il souffrait encore à cause de moi. Partez, Nathan, partez, n’entrez pas/Jici...
Elle le poussait doucement, mais H résistait et il sentait comme un âpre bonheur à souffrir dans son amour.
— Je vais vous quitter, dit-il, mais avant mon départ, il faut que je voie votre père.
Elle se recula, un peu effrayée.
— Qu'avez-vcus à lui dire?
Il sourit un peu amèrement.
— Rien que des choses qui ne me concernent pas.
Laissez-moi entrer.
Elle s'effaça légè-? îement, un peu inquiète, et Nathan passa devant elle.
Dans le salon. Sir Henri était assis dans son fauteuil, ayant près .de lui les deux cannes dont il se servait encore pour marcher,
Sa blessure et la douleur qu’il avait ressentie de la mort de son fils l'avaient beaucoup vieilli, mais il y avait encore sur son l*front et dans ses yeux cet entêtement dominateur que Nathan connaissait bien.
Quand il vit entrer le jeune homme, il se dressa à moitié sur son fauteuil et ses lèvres murmurèrent le mot « Rebelle ., sans que pourtant un seul son en sortit. Il attendait, les sourcils froncés, prêt à la colère,
— Monsieur, dit Nathan, ne restez plus dans cette maison; je vous le demande pour votre sécurité et cell . de votre fille...
Il attendit, le vieillard ne dit pas un mot. Il regarda;! Nathan avec cette froideur glaciale qui démoralisait iusqu’à ses amis, mais le jeune capitaine ne se troublait pas pour si peu et il reprit;
— Je vous en conjure. Les hommes de Butler qui
rôdent sans cesse dans les environs ne respectent rien.
Ils pillent, maltraitent et tuent; un iour, ils descendront jusqu’ici... Ecoutez et croyez-moi, je vous en prie, ils sont capables de tout et leur chef même, le capitaine Butler... ‘
Le vieillard se leva cette fois tout droit, en s’appuyant sur sa canne et, le doigt tendu, il montra la porte.
— Le capitaine Butler est mon ami, sortez, monsieur.
Nathan n’avait plus un mot à dire. Il quitta le salon et dans le hall retrouva Nancy. Il lui conseilla d’obliger son père à partir, dé regagner le Sud. mais elle secouait la tête, sachant bien que rien ne pourrait vaincre l’obstiqation de Sir Henry.
Alors il lui fit ses adieux et lui dit qu’il l'aimerait jusqu’à la mort.
CONTE
FILMÉ
(Suite et fin)
— Vous vous trompez étrangement, répondit la jeune fille toute émue. Je ne vous ai pas accordé de rendez-vous.
— Détrompez-vous, reprit-elle encore. Ne croyez pas m’impressionner par vos raffinements précieux et vos élégances étudiées. A l’amour d’un triste roi de
club du comte de Winterset, amant de lady Carlisis et l’avait surpris à tricher au jeu.
— Nous vous garderons le secret, avait-il déclaré, à une condition.
— Et la condition?
— C’est que vous nous présenterez à lady Mary sous
Une 6cène de Monsieur Beaucaire, avec Rudolph Valentino.
tous les coeurs, je préfère certes l’amour d’un valet mais qui soit un homme.
Elle s’enfuit en sanglotant.
Le duc réfléchit une minute, puis faisant le geste de chasser une pensée importune, il retourna vers le salon.
Mais le lendemain, comme il avait été convié au dîner du Roi chez la Pompadour, quand Louis XV leva son verre pour boire aux fiançailles, le jeune homme furieux s’élança vers la fenêtre et sauta dans, le jardin en s’écriant:
Le duc de Chartres vous salue, aimable compagnie.
Le duc de Chartres s était réfugié en Angleterre.
A Bath, cité thermale et rendez-vous de toute la noblesse anglaise, le comte de Mirepoix, ambassadeur de France, avait accueilli le prince français qui vivait là sous le nom d’emprunt de Mr Beaucaire et avec la qualité de barbier de l’ambassadeur.
Mais M. Beaucaire ne pouvait longtemps se désintéresser de la vie mondaine. Habitué aux hommages féminins et aux conquêtes d’un soir, il se morfondait dans son emploi subalterne, d’autant plus que la belle lady Mary Carlisis, surnommée familièrement la belle de Bath, tenait là-bas un bureau d'amour, dont elle était la reine incontestée. Très fière d’ailleurs, entêtée de titres, elle ne daignait jeter les yeux et distribuer ses roses et ses sourires qu’à des seigneurs portant tortils et armoiries. Le meilleur homme du monde, fut-il le plus jeune, le plus beau, le plus spirituel, n’avait rien à espérer s'il n’était pas au moins baron ou vicomte,
M. Beaucaire avait vu la belle de Bath.
Il voulait lui être présenté.
Mais M. Beaucaire n’avait aucune chance d’être agréé par la Belle. Il fallait donc se travestir et se faire passer pour grand seigneur.
Or, par son ami Molineux, il s’était introduit dans le
le nom de duc de Sans-Souci, du château français des Quatre-Vents. Ça tient-il?
— Ça tient.
On devine l’accueil de la Belle de Bath.
Elle se fit toute grâce pour ce gentillhomme de grande race, si avenant de sa personne, si plein d’esprit, si courtois et qui, au milieu des manières un peu rudes de la noblesse anglaise, apportait cette gentillesse de ton, qui fut toujours l’apanage des Français.
Le duc parvint à résister <*tix attaques des nombreux assaillant* à la solde de son ennemi.
Winterset fut un peu délaissé.
T ous les matins, à la promenade, la rose que Lady Carlisis portait à son corsage é ait offerte au jeune duc.
A table, aux dîners joyeux, où l’on faisait grande ripaille et mirifique beuverie, le jeune prince était le roi du festin, animateur merveilleux des réjouissances par ses bons mots, ses chansons, ses jeux d esprit.
Molineux lui disait:
— Prenez garde, Winterset est jaloux.
— Oseraitril entreprendre quelque chose contre nous. 11 sait que nous pouvons le perdre d’honneur.
— Précisément. Vous pouvez le perdre d’honneur et vous lui prenez sa maîtresse. 11 est homme à vous faire administrer un mauvais coup par quelque spadassin. Quelques centimètres de fer dans la poitrine, et vous ne pouvez plus parler.
Le ducfchaussait les épaules.
— Qu’il y vienne I
C’est ce qui arriva.
Un jour que le prince a tendait la Belle dans son jardin, il fut assailli par une sorte de matamore et plusieurs sicaires apostés dans les bosquets. Son épée vivement tirée, il se défendit vaillamment, blessa plusieurs de ses adversaires, mais le nombre l’accablant, il appela ses trois valets qui de loin le surveillaient, avec la défense d’approcher sans être appelés.
— Vous nous appelez trop tard, Monseigneur, dit l’un des trois.
— Bah! dans la chaleur du combat, je vous oubliais répondit le jeune homme en souriant.
Et, perdant du sang avec abondance, il s’évanouit.
La convalescence dura quelques semaines. Lady Carlisis venait le voir tous les jours et passait à son chevet de longues heures toutes pleines de joyeux propos et de causeries amoureuses.
Winterset crevait de jalousie et de rage.
Aussi, quand le duc rétabli put assister à une fête donnée en son honneur par la Belle de Bath, le jaloux ne put s’empêcher de dévoiler le secret qu’il tenait avec peine,
— Le duc de Sans-Souci n’est que M. Beaucaire, le barbier de Mirepoix.
—~ Un barbier!
— Est-il possible!
— Ciel! s’exclamait avec dégoût la belle Mary. Un barbier! Fi, Monsieur!
Et le duc allait devoir quitter la place sous les huées si Mirepoix n’était entré, amenant avec lui le duc de Nemours, frère du duc de Chartres et envoyé par Louis XV à la recherche du prince.
Les deux frères tombèrent dans les bras l’un de l’autre.
— Ah! mon cher Philippe, disait l’envoyé, reviens. Tu es pardonné. Le Roi s’ennuie. Tu es le seul à pouvoir le distraire.
Toute la compagnie fut aussitôt en grand émoi.
Quoi! M. Beaucaire était le duc de Chartres.
— Lui-même, répondit le jeune homme devant toutes les têtes courbées, lui-même, et qui se souviendra avec agrément de tous ses compagnons d’Angleterre, sauf de ce lâche Winterset, tricheur au jeu et dresseur d’embûches.
Quelques jours après, Philippe était à Versailles.
Ce fut une joie générale.
La princesse Henriette, qui ne savait pas encore son retour, était assise sur un banc du parc près du bosquet d’Apollon. Elle était songeuse. Sa pensée s’était si souvent envolée vers la région inconnue où s’était enfui le fiancé. Pour agir comme il l’avait fait, n’avait-iî pas témoigné qu’il était capable de volonté? N’était-iî pas un homme? Et digne d’amour? Ainsi l’amour doucement s’insinuait dans le cœur vierge de l’enfant qui devenait femme sous l’étreinte de la douleur.
Eblouissement.
Philippe était devant elle à genoux et disait:
— Douce m’est la honte de venir implorer mon pardon.
Elle sourit divinement et répondit:
Moins douce, Philippe, que n’est ma joie de vous l’accorder. Jean BLAISE.
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Communiqué:
M. Faustin Sarrade, metteur en scène, réalise actuellement à Cannes un film intitulé Trop T Air, avec la vedette d’outre Atlantique M. Alphonse Martell, l’auteur des scénarii actuellement en cours; MeHe Jeanne Alix, la jolie et nouvelle star, la vedette féminime; et l’artiste bien connu M. Théophile Dolman; et l’as des camare-man, M. Daniel Quintin, le Régisseur Freidel Sévère.
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