Source: FelixArchief no. 1968#617
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Notre Vedette: Hélène DARLY
Comme vous voyez, c’est donc petit à petit, lentement, mais sûrement, que cette vocation m’est venue, que j’ai compris aimé cet art... En moi, une idée fixe devenait de plus en plus obsédante... « Faire du cinéma, interpréter de beaux rôles et peut-être, qui sait, moi aussi devenir un jour une vedette de, cinéma?... Pourquoi pas...? ».
Hélène Darly dans Le
Nous avions demandé à la talentueuse interprète de La Maison du Mystère, et de bien d'autres remarquables productions, de nous documenter au sujet de sa vie au studio, de ses créations, de ses goûts, de ses espoirs.
Mme Hélène Darly a bien voulu satisfaire notre curiosité, par l’envoi des renseignements suivants, écrits spécialement par la belle artiste française pour Ciné-Revue. Nous croyons répondre à l’attente de nos lecteurs, en publiant les notes que signe notre vedette de ce jour.
Notre vedette dans La Maison du Mystère
, Ce qui, tout d’abord, m’a fait aimer le cinéma?... Comment j’y suis venue?... Mon Dieu... j’avais la vocation, voilà tout.
Lorsque j’étais petite fille, je l’ai aimé tout de suite... pensez donc, il était la récompense de ma sagesse et de mon travail d’é'colière et il faut croire que j’étais sage et que je travaillais bien, puisque l’on m'y conduisait souvent.
J’ai pu voir ainsi, beaucoup de- films de toutes nationalités.
Ambitieuse?... Mon Dieu... un peu, mais juste ce qu’il faut, sans exagération, je vous assure. Ce n’était d’ailleurs pas ce nom de vedette qui m’attirait, mais, je vous le répète, le désir de plus en plus impérieux de faire de l’interprétation en essayant enfin d’extérioriser tout ce que je sentais confusément s’agiter dans mon cerveau de petite fille... Mais comment faire?... Je ne connaissais personne et personne ne me connaissait!...
Le hasard, qui parfois fait bien les choses, me fit rencontrer un journaliste qui me re-
Ht.’.-ne Darly dans La Maison du Mystère. De gauche à droite: Francine Mussey, Hélène Darly et Charles Visuel.
commanda à un metteur en scène français des plus réputés d’avant-guierre, IM. C. de Morlhon, lequel voulut bien m’aider de ses conseils. (Ceci se passait en 1917.)
Je débute au cinéma dans un très petit rôle dans « Face à l’Océan », ayant René Leprince' comme metteur en scène; ce film a été édité par la maison Pathé.
Ensuite, je tourne deux petits scénarios comiques avec André Séchan, pour Pathé également; un autre petit rôle dans « La Dette », de Gaston Roudès, pour la Gallo-Film.
Puis ce furent des documentaires pour Pathé-Ile vue, mais c’est avec Al. de IMorlhon que j’ai tourné mon premier grand film, que l’Agence Générale Cinématographique a édité soifs le titre de « Fille du Peuple ». J'ai joué dans ce film le rôle de « Berthe Janin », la fiile du peuple.
Cette production passait sur les écrans belges il y a deux ans encore; je n’étais pas bien magnifique, mais, aux dires de M. de Morlhon, pour un début cela donnait de l’espoir... Comme j'en avais autant que de volonté, j’ai continué avec acharnement.
Je suis heureuse de pouvoir vous dire que je suis infiniment reconnaissante à M- de Morlhon de l’appui moral qu’il m’a donné sans compter pour mes débuts et de l’énergie avec, laquelle il m’a assuré de sa confiance en mon avenir cinématographique.
Après ce film, ne voulant plus à aucun prix jouer des petits rôles, puisque je pouvais faire
mieux, je restç — comme vous le pensez bien, nous ne sommes pas en Amérique — un assez longtemps sans rien faire!... Je commençais à désespérer, lorsque Robert Saidreau. me demanda pour l’interprétation d’un rôle assez important dans « La Nuit de la St-Jean »; je repris mon sourire et toute mon espérance et le résultat n’a pas été trop mauvais. (
(Voir suite page 11).
Hélène Darly
(Photo Pathé Consortium Cinéma.)
FANTOCHES
Ce que nous verrons - - sur l'écran - -
Nous n’avons pas encore entretenu nos lecteurs de manière détaillée du talent, de la carrière et du curriculum vitea de Miss Clara Kimball Young; et c’est là une lacune qu’il nous faudra combler d’ici peu, car cette artiste — premier rôle dans «Fantoches » — a mérité l'attention des cinéphiles par ses nombreuses et excellentes créations: « Ma Femme Officielle », « Extrémités », «Le Vertige d’une Nuit d’Eté », d’autres encore.
Sait-on d’ailleurs, que la délicieuse étoile eut l'heur d’étre présentée à nos souverains, lors de la visite de L.L. M.M. aux Garson studios? Ce fait méritait d’ôtre appelé, avant de consacrer maintes colonnes à une production dans laquelle Miss Young remplit à ravir un difficle rôle de caractère. Il s'agit de « Fantoches », comédie moderne, à laquelle Elliott Dexter, Louise Dresser, Lionel Belmore et W. Newell ont également piété leur talentueuse collaboration.
Sous le ciel d’Italiè, dans les jardins d’un grand restaurant à la mode, la grande cantatrice Lisa Deila Robbie, soupait avec ses amis: le duc d.’AlVa, le poète Diaz et le compositeur Ruccini.
— Que mon pauvre iîérald doit s’ennuyer, tout seul, si loin de moi. soupira tout à coup Lisa, en songeant à son mari...
Ce soir même, lia grande vedette, en représentation à la Scala de Milan, avait interprété le rôle de «Juliette» et c’est peut-être
pour cela que, beaucoup plus que de coutume, elle pensait à « son Gérald ». Elle ne put donc s'empêcher de lui envoyer ce petit poulet:
« Oh mon cher Gérald, ces nuits d’argent masquent la tristesse de mes yeux. Hélas, •vous êtes si loin de moi... Je- soupe avec le duc. »
Ces quelques derniers mots nous décrivent toute la femme.
Attristée, elle rentra en sa villa où elle trouva une lettre de son « cher » Gérald. A la
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lecture des premières lignes, elle sursauta, car son mari lui écrivait:
« Le mariage est un »port certes, mais il ne se pratique pas seul. iMme Breston, ma voisine, m’épouserait si vous consentiez à divorcer... »
Et Lisa, qui courait le monde depuis des années, loin de son mari, fut cette fois effrayée à la pensée d’une rupture définitive. Du coup, elle prit une grande décision, on fit les malles et quinze jours plus tard, Lisa Della Robbia et toute sa suite, y compris son docteur, sa secrétaire, son cuisinier, son chien, son perroquet et... le duc d’Alva, débarqua à Boston.
des défaites. Lisa sut être tour à tour ingénieuse et fine, tendre, violente, amoureuse, adroite et gaffeuse. Son mari en fit autant et tous deux furent ce que nous sommes tous: des Fantoches.
Et, quand après une scène violente, Gérald sut rester plus d’un mois hors de chez lui. Lisa s’étonna chaque jour, qu’il ne revenait pas en enfonçant les portes, comme un maître. Si, railleuse, elle lui demandait si sa future remplaçante ne le ridiculisait jamais, il s’excusait en répondant: « Elle m’a pas assez d’esprit pour cela ».
Et autour de ces «Fantoches, dans ce cadre
«Et tout cela s’installa avec fracas dans les appartements que Lisa avait délaissés depuis si longtemps. Ce fut une entrée triomphale que Gérald ne sut apprécier à sa juste valeur car il eut une contenance fort empruntée et, bien que la grande vedette retrouva là son fils,'toujours aussi affectueux, elle ne retrouva qu’un « demi-mari ».
Car il faut vous dire que ce « grand travailleur», qu’était Gérald, avait surtout travaillé à se créer un nouveau foyer et qu’il n’attendait que son divorce pour se remarier avec sa voisine, .Mme Breston.
Et c’est ainsi que Lisa, qui aimait son mari et qui était une femme vraiment supérieur,’, engagea la bataille qui devait lui ramener le cœur de son mari.
Nous ne pouvons entrer ici dans les détails de cette lutte singulière, mais très «humaine, car ce serait en amoindrir ou en détruire tout le charme, l’esprit et la profonde philosophie. Disons seulement qu’il y eut des victoires et
de luxe créé par ces mille riens rassemblés par des fantaisies d’artistes, se meuvent d’autres Fantoches: le docteur de (Madame, la secrétaire de Madame, le cuisinier de Madame, le chien et le perroquet de Madame... car tou* est pour 1 de Madame. Monsieur se démène tout seul, souvent maladroitement.
Quand la bataille fut terminée et que tout fut arrangé, il eut cependant un dernier sursaut d’énergie lorsque, partant avec sa femme pour une nouvelle lune de miel, celle-ci le pria de se charger de son chien mignon...
•— Je t’en prie, s’écria-t-il, pas le cabot... ne me force pas à faire ce que j’avais juré de ne plus jamais faire... Ça ne prendra pas..
«Mais « cela » prit tout de même car nul n’a jamais pû résister à une jolie femme. Il prit donc bien gentiment cet «horrible cabot» et. s’en fut avec Madame et toute la suite de Madame...
Fantoches, tous Fantoches, eux... et nous.
QoooooooooooooooooooeoodoO
1 Ce que nous verrons |
I sur l’écran |
La Petite Église du Coin
ooocooooooooooQ
Ignorant encore quelle sera l’appellation française de cette production .des frères Warner, nous en fraduisîmes simplement le titre original: «the little church around the corner».
La distribution de ce film — dont nous donnerons le synopsis forcément écourté — comprend une dizaine d’artistes de premier plan; il sied surtout de citer le talent de Claire Windsor et de Kenneth Harlan, chargés respectivement du rôle de Leila Morton, fille de millionnaire, et du jeune pasteur David Graham; puis le célèbre Hobart Bosworth, toujours si sûr de lui, naturel et pourtant d’une puissance d’expression extraordinaire.
Il serait impossible d’exprimer autrement que par l’image animée, l’intérêt qu’offre cette
bande cinegrapnique. un y retrouve un caractère fait d'enthousiasme un peu naïf, de croyance candide en de trop beaux idéal, — exprimé avec conviction par Kenneth Harlan; et, d’autre part, le type du nichant sûr de ses droits, insensible aux plaies du peuple qu’il ne daigne panser. Voyons quel est le rôle de ces divers éléments au cours de l’action.
David Graham, orphelin, dont le père avait été tué dans une mine, s’étant dès son enfance heurté aux difficultés de la vie, était pourtant parvenu à se créer une situation libérale le plaçant au-dessus de la masse; il était entré au séminaire et, après de «bonnes études, se voyait nommer pasteur.
Toute sa vie était tendue vers ce seul but: aider les pauvres, alléger la tâche des humbles, faire comprendre aux riches et aux puissants que des réformes sociales s’imposaient. Et ses espoirs s’étaient surtout tournés vers le millionnaire Morton, propriétaire de la mine où avait péri son père; mais l’autoritaire magnat se refusait, malgré les instances du 'jeune ministre des cultes, à améliorer le sort de son personnel.
David avait accepté la chaire de l’église dont Morton était membre; le temple était situé dans le quartier autocratique, et le jeune prêtre éjtaiit de par ses fonctions an rapports fréquents avec le propriétaire de la mine, sa fille Leila et leurs familiers.
Bientôt, David sentit en son cœur un vif at-
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tachement pour la gracieuse Leila, et son rêve ôtait que sa flamme fût partagée par l’objet •de ses pensées. Mias c’est en vain qu’il lutte contre l’Hypocrisie et le Péché, — l’expérience lui apprend qu’il n’y a rien à tirer de.cette aristocratie de l’argent, au coeur sec, et que Leila n’a vu en lui qu’un « béguin », un flirt passager... Désabusé, il reporte sur les humbles les trésors de son cœur incompris.
Il arrive juste à temps pour sauver d’une imort certaine une équipe de mineurs tombés dans une excavation, accident causé par la négligence du maître de la mine, refusant toujours de remédier au défectueux outillage. A la nouvelle de ces faits, les ouvriers indignés jurent de se venger du directeur Morton. Et bientôt l’émeute gronde, la vie du millionnaire et des siens est en danger.
Et ce sont des heures d’angoisse» au cours desquelles cependant David Graham parvient à s’interposer entre les éléments déchaînés et leur maître.
Ici, le film atteint sa note la plus poignante: on ne sait qui l’emportera: du despote détesté hautain ou de ses esclaves salariés. Enfin, un dénouement met fin à la tragédie, dont pourtant nous préférons né pas dire la teneur, pour ne point diminuer par avance l’intérêt du film.
La distribution de ce film comprend une dizaine d'artistes Kenneth Harlan, chargés respectivement du rôle de Leila célèbre Hobart Boswortb, toujours si sûr de lui.
de premier plan; il sied surtout de citer le talent de Claire Windsor et de Morton, fille de millionnaire, et du jeune pasteur David Graham; puis le naturel et pourtant d'une puissance d'expression extraordinaire.
Point d’orgue.
Il y en a qui voudraient entendre au cinéma tous les bruits... Il y en a, pour faire compensation, qui préféreraient, au moins à certains moments, le silence absolu.
« J’aime entendre, écrit par exemple le critique de 1’ « Echo National », un orchestre comme celui de Marivaux, par exemple (réclame non payée), mais ce que j’aimerais encore mieux, c’est un silence absolu, complet, lors de certains passages de film. Seule, notre pensée se concentrant sur l’impression donnée par le film en comprendrait mieux toutes 1«$* beautés.
Foin d’un tintamarre excessif, des gémissements du violon, des accents déchirants de la petite flûte, foin aussi d’une tôle agitée et du frottement d’une brosse métallique sur un tamis. Un ibeau film peut entièrement se suffire à lui-même, n’en déplaise 4 ceux qui n’ont pas très bien compris le cinéma.
Aux Famous-Players.
Cecil B. de Mille a signé un nouveau contrat avec « Famous Players » pour toutes ses nouvelles productions. Ce contrat est pour une durée illimitée et, en plus, M. de Mille reprend ses fonctions de directeur général de cette firme, fonctions qu’il avait vjlontaire-tnent abandonnées il y a trois ans.
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(Voir début pape 3)
J’ai également tourné un film d’aventures avec Joë Hamman comme partenaire et réalisateur; cette fois ce fut un film avec des chevaux, des taureaux et des chutes dangereuses. (Un jour le cheval que je montais,, lâchant des quatre pieds, m’a entraîné dans sa chute, tombant sur moi, dans un terrain très dur, ce qui n’arrangeait pas les choses!) Il y avait aussi dans ce film une scène d’enlisement dans la vase, près du Rhône... Charmant, comme vous voyez, que de péripéties encore... Nous avons été un jour, Hamman et moi, poursuivis par •in taureau furieux, alors que nous étions emportés tous deux par le même cheval qui fuyait follement, en ouragan, dans les plaines f desséchées de la sauvage Camargue.
Enfin, c’est « la Maison du Mystère » qui, d'après les compliments et les demandes de photos que je reçois journellement, me semble avoir plu beaucoup en Belgique et vous m’en voyez profondément touchée.
Que vous dirai-je de ce film?... Il m’a occupé pendant plus d’un an de la façon la plus agréable, avec un metteur en scène de grand talent, M. Alexandre Vofkoff, des camarades charmants et des directeurs tout à fait aimables.
A la suite de « La Maison du Mystère », un contrat de plusieurs mois me liait encore à la Société des Films Albatros, mais, la maladie très longue de mon metteur en scène m’a empêché d’exécuter les deux films pour lesquels j’étais encore engagée.
Ces deux productions étant remises à une date ultérieure, en attendant leur exécution, j avais repris ma liberté pour aller idtirner un film que, vous venez de voir en Belgique* « Le Petit Jacques » (rôle de Marthe Rambert), tiré du roman de Jules Claretie, de l’Académie Française et dont la réalisation était confiée à MM. Georges Raulet et Lannes par la Société des Films Phocéa. J’ai tourné ce film avec Marcel Vibert, le protagoniste de nombreux films qui ont eu avec lui beaucoup de succès; vous vous souvenez certainement en Belgique
.'de' « Visages voilés... Ames closes... », « Le Grillon du Foyer », « Les Opprimés », etc...
A peine « Le Petit Jacques » était-il terminé, que la Société des Films Albatros me demanda de reprendre notre collaboration et je viens donc de terminer pour le compte.de cette Société « Le Chiffonnier de Paris », tiré de la pièce de F. Piate (qui fut créée à Paris en 1847, sur la scène du théâtre de la Porte Saint-Martin) avec M. Nadejdine comme metteur en scène.
J’espère qu’après ce film je vais pouvoir continuer à faire de mieux en mieux, en travaillant de tout mon cœur et de tout mon courage à mon cher cinématographe qui, en dépit de ce que peuvent en dire ceux qui l’ignorent, est un art vraiment passionnant. .
Quant à ce que je pense en général du cinématographe, il est infiniment regrettable que les Pouvoirs Publics ne comprennent pas mieux en France les services énormes que ce moyen de propagande pourrait rendre et que l’incurie ou l’indifférence fassent se détourner de lui, ceux qui devraient, au contraire, le défendre jalousement. Et pourtant, quelle industrie admirable!... Que de ressources de bénéfices, le jour — où est-il, mon Dieu? — où les capitalistes comprendront enfin qu’il vaudrait mieux pour eux confier leur argent à des gens dont les compétences et l’honnêteté seraient de sûrs garants, au lieu'de le donner à des gens qui, trop souvent hélas! sont loin de remplir ces conditions essentielles.
Voici, cher Monsieur, le résumé de ma longue (?) carrière et toute ma pensée sur l’art Cinématographique et je ne vois plus rien à vous dire, sinon ma grande sympathie pour vous et les aimables lecteurs de «Ciné-Revue».
Hélène DARLY.
*** Nous apprenons que M. Jules Jourdain vient de donner sa démission de président de la Fédération Cinématographique belge; d’accord avec de nombreuses personnes appartenant aux diverses branches de l’industrie cinématographique, il vient de constituer l’Association cinématographique de Belgique, dont la présidence lui a été offerte et qu’il a acceptée. (Communiqué.)
SÉCURITÉ
ABSOLUE
BRUXELLES
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Les Demi-Vierges
Gaston Jacquet dans Les Demi-Vierges
Maxime de Chantel avait beau se raisonner. Il recevait tous les jours des .lettres anonymes lui contant les amouns de Maud et de Julien, lui laissant soupçonner, deviner, imaginer de tels spectacles de volupté, qu’il en 'hurlait d’angoisse. Il se raisonnait. Il se disait que les lettres anonymes sont la bave des lâches, qu’un homme d’honneur ne devrait pas leur accorder la moindre importance, ne devrait même pas les lire. Il se disait tout cela. Et il souffrait.
Une noire mélancolie lui envahissait l’âme.
11 souffrait seul.
Ni sa mère, ni sa sœur, les pauvres femmes, il n’aurait pas voulu leur'souiller l’imagination par les horribles lettres, ni leur bouleverser le cœur par ses doutes. Il souffrait seul. Et les deux femmes assistaient, impuissantes, à ce drame intime, dont leur sensibilité percevait les échos, mais qu’elles étaient censées ignorer.
Elles n’auraient pu se permettre d’interroger Maxime, le chef de famille.
Elles souffraient donc avec lui. Et Jeanne participait peut-être plus complètement à sa souffrance, parce que le beau visage d’Hector Le Tessier s'associait à ses souvenirs de Paris et que quelque chose d’encore indistinct, U’in-formulé la reliait à ce jeune homme, ami de
Maxime, et qu’elle sentait honnête et loyal comme son frère.
Or, tandis qu’on souffrait ainsi à Vézeris, on s’inquiétait tout de même un peu à Chamblais, où Maud s’était retirée avec sa famille, n’ayant pas de nouvelles de Paris et ne voulant plus en avoir avant le mariage. Que faisait Julien de Suberceaux? Tiendrait-il jusqu’à la fin? (
Un matin, un petit bleu était arrivé, portant ces quelques mots:
« Veillez chère amie... je viens de rencontrer au cercle, bien surexcité, un de nos amis, le plus beau de nos amis. Veillez. »
C’était signé: Hector Le Tessier.
Huit jours seulement séparaient Maud de son mariage.
Elle se demandait, avec angoisse, si elle atteindrait ce huitième jour, si la destinée qu’elle s’était efforcée de mener à son gré et qu’elle avait, ma foi! menée avec bonheur jusqu’ici, n’allait pas presque au port briser ses rames et faire chavirer sa vie.
— J’irai jusqu’au bout, se disait-elle, prenant une attitude de défi qui lui était familière.
Au même instant, à Paris, Julien de Suberceaux, rentré chez lui, après une soirée fiévreuse au cercle, fermait ses yeux sous le poid% d’un sommeil pesant, pendant lequel il répétait:
Gabriel de Gravone dans Les Demi-Vierges.
MICHEL MATTHYS ~- - PIANOS ELÊKÊ, de Pari»
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— Ce mariage ne se fera pas... non, ce mariage ne se fera pas.
Le lendemain matin il se décidait.
Il savait par Hector Le Tessier que Maxime se rendait tous les matins à Chamblais pour le déjeuner.
Il verrait Maxime.
Il le verrait et il lui dirait.,, ce qu’il fallait dire.
Une fois prise cette décision dramatique, Julien fut plus calme. Il songeait que peut-être il pourrait provoquer Maxime, le (tuer en duel, car il le tuerait, étant d’une jolie force à l’épée, et surtout possédant cette volonté homicide qui ne peut manquer de donner une supériorité sur l’adversaire.
— En effet, monsieur. Je ne vois pas à quoi rime votre question.
— Vous allez le voir. Oui, certes, vous allez le voir.
Il avait renoncé à provoquer l’honnête homme qui était devant lui. Un besoin de vérité étreignait à ce moment son âme et aussi le désir, dicté par on ne sait quelle vieille sympathie humaine sans doute, de ne pas permettre cette tromperie q.ue serait le mariago projeté.
Julien, presque à voix basse, dit:
— Monsieur de Chantel, n’allez pas à Chamblais.
— Pourquoi?
— Pourquoi? Je ne puis le dire. Mais je
Un délicieux tableau extrait du fdm Les Demi-Vierges.
Le provoquer! Le tuer!
Ces deux mots, il se les répétait sans trêve, tandis que, descendu à la petite gare de Chamblais, il allait çà et là, guettant la venue de Maxime.
Enfin celui-ci parut.
Il vit Julien. Aussitôt surgirent de nouveau à son esprit tous les doutes que lui avaient (insinués les mauvaises lettres anonymes. Il se -dirigea vers de Suberceaux.
— Monsieur, vous m’attendiez?
Julien hésita qn instant. Maxime portait sur son visage grave qne telle loyauté, un tel -caractère d’honneur, qu’il -en imposait aux plus indifférents.
— Je suis bien aise de vous rencontrer, monsieur de Chantel, répondit-il. Vous allez sans doute à Chamblais.
vous en prie, n’allez plus à Chamblais. Retournez chez vous.
. Maxime écoutait cette voix âpre qui avait un accent de vérité et de persuasion.
— Mais encore? protesta-t-il.
, — Vous ne pouvez épouser Maud de Rouvre. Vous n’avez pas le droit de l’épouser. Elle n’a pas non plus le droit...
— Misérable! hurla Maxime. Vous mentez. Vous êtes un abominable menteur.
Julien détourna, d’un geste de défense Maxime qui >se précipitait sur lui.
—- Chut! la voici, dit-il.
Maud venait en effet à la rencontre de son fiancé. Elle vit les deux hommes. Elle comprit tout. Un instant la pensée de lutter encore lui fouetta son énergie. Puis elle se dit: « A quoi bon! »
14
Elle s’approcha.
— Qu'est-ce qu’il vous a dit? demanda-t-elle à Maxime.
— Il m’a dit, ou plutôt il allait dire que vous avez été sa maîtresse.
Elle se tourna vers de Stibereeaux.
— Tu as diit cela?
— Maud! Maud! soupira Julien.
Elle le regarda encore, puis d’un geste en coup de fouet elle lui sabra le visage de son ombrelle qui se brisa en deux.
— Lâche! proféra-t-elle. Va-t-en!
Il tremblait. C’était un spectacle épouvantable que cet homme, perdant toute dignité, et s’en allant piteusement sous l’outrage.
Elle le suivit du regard. Puis se tournant vers Maxime:
— Ecoutez, Maxime, diit-elle. Cet homme a menti. Je rf’ai pas été sa maîtresse. Il m’a aimé, c’est vrai. Je l’ai aimé, moi-môme, c’est encore vrai. Mais je n’ai pas été sa maîtresse. Pourtant, je ne veux pas vous retenir. Vous ne pouvez plus avoir en moi toute la confiance qu’il faudrait. Allez. iRetournez dans votre pays. Et quand vous penserez à Maud de Rouvre, n'ayez aucune pensée de haine, voulez-vous?
— Je vous le promets, dit-il gravement.
— Adieu!
Et ce fut tout.
Le soir-môme, Maud était réinstallée à Paris. Quelques semaines après, on célébrait le mariage de Jacqueline et de Luc Lest range. Bientôt Hector Le Tesier épousait Jeanne de Charnel.
Et Maud?
Maud était vaincue. Elle avait subi trop longtemps l’influence délitère de ces milieux fiévreux. Elle avait accordé trop d’elle-même aux mœurs dépravés du temps. Elle accepta Je petit hôtel que lui offrait le juif Aaron. Et la demi-vierge fut rayée du monde comme il faut. Jean BLAISE.
EN AMERIQUE
Jaydee Williams de Rite a l’intention de hâtir un grand cinéma en plein Broadway et" un autre dans le West End à Londres. Ces deux cinémas ne prendraient que des grands films comme ceux de Douglas Fairbanks et autres semblables, et les garderaient-pendant une longue période... un an par exemple. Il est certain que dans les très grandes villes, un bon super tiendrait l'affiche aussi longtemps qu’une bonne pièce. iLes producteurs seraient heureux de cette mode nouvelle, car pour rentrer dans leurs frais — sans parler die bénéfices, il leur faudrait quelques-unes de ces salles pendant de long mois.
La meilleure preuve que les super-super ne font pas la fortune des producteurs, nous la trouvons dans une interview de Marcus Lomv, dans le « Film Daily ». Le directeur de la
« Metro », bien que très optimiste en ce qui concerne les affaires en 1924, avoue très franchement que sa firme ne fera pas cette année de grandis supers. La raison en est bien simple: le public, môme le public américain, est las de ces grands spectacles qui ne signifient rien, et qui n’ont plus, pour les yeux, l'attrait du nouveau. Les films costumés sont généralement faux au point de vue historique, écrivains et producteurs ne réussissent que très rarement â les faire « vivre », et les directeurs de cinémas n’y tiennent guère, parce que les prix sont très élevés et qu’après tout, le public s’en va déçu.
Marcus Lœw prédit une véritable disette de films qui devra durer de février à avril et pendant laquelle les exploitants devront passer d’anciens films à succès... C’est-à-dire, que les grandes organisations n’auront pas, avant avril, beaucoup de nouvelles productions à offrir, mais il ne faut pas oublier les indépendants, qui, eux, vont pouvoir écouler les stocks qui encombrent leurs magasins... tout le monde y trouvera son compte.
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Venue de province à New-Vort, Jane Goring veut à tout prix devenir une artiste. Kilo a fail 0 entre-temps la connaissance d’un jeune journaliste Robert Naugton, qui l’a épousée et grâce à son mari, elle parvient bientôt à débuter au théâtre.
Les succès qu’elle obtient la grisent et la vie l'a- j) initiale lui paraît terne, insupportable. Lite ne 4*4 peut alors résister à l’orgueil, oubliant quelle doji (J en [»artie ses succès à son mari. «*4
Porteur d’une lettre d'introduction, Robert se (je *0 présente un soir chez elle. Hélas! Robert a compris >V que l’orgueil de sa femme a étouffé en elles les sen-
• timents les [dus sacrés. Los années s’écoulent et *4* l’artiste‘ continue son ascension vers, la gloire.
’ Jane est devenue tyrannique; une pièce qu’elle doit
• ** créer, a été faite entièrement pour elle, néanmoins v# ’(if elle soumet l’auteur à des exigences toujours non- *1
yC velles. Le directeur du théâtre a engagé pour jouer ’jSr dans la pièce, le rôle de la sieur de Jane, une jeune V fille délicieuse! Janine Cromvell; Tarie trouve cette & âernière insignifiante. Le jour de la première Jane V est folle de jalousie car tout le succès est allé à la petite Janine. L’étoile de la vedette pâlit. Elle ren- V Ire chez elle désespérée, les épreuves qu’elle vient f de subir ont brisés,son orgueil. On introduit chez Y* elle une jeune fille qui n’est autre - que Janine «f Crônwell, qui, se penchant, vers la pauvre femme, *** lui murmure tendrement: « Maman chérie». Naugton apparaît au même moment, car c’est lui qui, en effet, quelques minutes auparavant, a révélé à sa fille que Jane Goring' était sa mère.
Le*Yjlieiiiiii de la liloira
Congédié par son père, Billy Travers s’embarque j furtivement à bord du « A esuvio », paquebot de- V vant faire escale à Porto-Blanco, capitale de la -f petite République de Santa Banana. H faut dire *•* que si papa Travers s'est fâché la veille avec son héritier, ce 11 est que parce que celui-ci s’intéressât beaucoup lmp aux jolies femmes. Ainsi, sous f prétexte de faire des courses pour la Company, *•* Billy avait l’habitude de se faire conduire en taxi, * par le chauffeur Biff à la sortie des artistes de tous les music-halls... lit ce jour-là, il avait à réglei 60 dollars de frais de laxi, que son «paternel» refusa A de payer au brave Biff qui jura de ne pas lâcher sôn jeune mauvais client. Voilà pourquoi Billy -j, possède maintenant en Bill un fidèle compagnon d’aventures. Et quelles aventurés I 0
D’abord, Billy fait connaissance avec là char-,,, mante sœur du pseudo Docteur Carlos, qui n’esl v autre que le citoyen Bilas, dit (de Général», exilé x\ de Santa Banana, qui prendra au début le sympa- *' Ihique garçon pour un vague espion. 1 ne franche camaraderie s’établit bientôt entre Juanita Bilas el Billy.
Lorsqu’à Porto-Blanco les adversaires du «gêné-rai» Carlos Bilas, auront réussi à faire emprisonner la jeune fille, la fougue de Billy pour sauver sa
PROGRAMME du 2 au 6 MARS
No Man’s Land ...
(Marche)
Dans les Vosges
(Voyage)
*** 3. La Violetera
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Comédie dramatique interprétée par NAZIMOVA
5. Dédé....H. Christine
Le Chemin de In Gloire
Comédie d'aventures à grand spectacle avec Wallace Reid dans le rôle principal
PROGRAMMA van 2 tot 6 MAART
Man’s Land .
(March)
F. Simons
In de Vogezen
3. De Violetera
J. Padilla
u)e hoogmoedige
Dramatisch looneelspel vertolkt door NAZIMOVA
5. Dédé....H. Christine
De leg tot den Roem
Groot tooneelspel met Wallace Reid in den hoofdrol
Semaine prochaine
JACK
Programme extraordinaire
PICKFORD
dans le film sensationnel
La Revanche de Garrison
Emouvant drame du turf
GRAND SUCCES
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Dulcinée le mènera sur le chemin de la Gloire, car il servira inconsciemment la cause des partisans de Bilas et portera celui-ci aiî fauteuil présidentiel
En récompense, il épousera JuanîïiT el deviendra Ministre des Finances, en même temps que l’indé-crochable Biff sera nommé Ministre de la Guerre
Et quand Sam Travers viendra visiter sa succursale de Porto-Blanco, il sera tout ébahi de se trouver en faqp d’un Ministre qui n’esl autre que son «chenapan» de fils avec lequel il fera sur-le-champ une diplomatique réconciliation.
De Hoogmoedige
Jane Goring die van een klein stadje naar (New-York is gekomen, wil Ie allen jnijze tooneelspeel-ster worden- Zij huwt met Robert Naugton, een dagbladschrijver, en dank aan haar man zal zij haar droom kunnen verwezenlijken. Snel wordt zij een beroemdheid, maar even snel kwelt haar het duiveltje der hoovaardigheid. Zij is dronken van den steeds overweldigenden bijval en vergeel al haar plichleri in dien roes.
Tot liet onvermijdelijke komen moet: haar busier taani en in de ineenstorting van al haar droombeelden ziet zij hel holle barer ijdelheid.. / zal voortaan Irachlen een voortreffelijke echtge-nooLe Ie zijnen ook een goede, moeder, want Jane heeft een dochter in wie zij al haar eigen, kunstenaarsgaven terugvindl.
Het leven is een raid Van avonturen.;.
De Weg naar den Doem
Billy Travers is een heel aardige jongen: hij heeft inderdaad voel liever mooie meisjes dan wel muftige zaken ondej’ handen. Zijn vader echter is niet van dat zelfde gedacht; vandaar ook herrie, ontslag van betrekking, enz. BilTy, moe van het vaderlijk gezag, trekt kranig naar Porta-Blanco, hoofdstad der kleine Republiek Santa Banana, waar toevallig zijn vader handelsbelangen heeft, en vergezeld van Biff, wien hij 60 dollars schuldig is...
Het gaat er miel zonder avonturen loe en zijn kennismaking met de bekoorlijke zusler van den pseudo Doctor Carlos — deze doclor is niemand anders als burger Bilas, banneling van Santa Banana, uil. politieke reden) — Juanita Bilas is eerder stormachtig. Maar snel worden zij voortreffelijke vrienden. En zonder Ie welen gaat hij den weg naar den Roem op en voert Bilas naar den voor-zilJerszetel van de Bananaansehe Republiek. Hij zal Juanita trouwen en minister van Financiën worden, en Biff wordt tot minister van Oorlog uitgeroepen. En wanneer op zekeren dag Sam Travers zijn bijhuis van Porlo-Blanco komt bezoeken om een belangrijke overeenkomst te treffen met de Regeering, staat liij niet w einig onthutst voor een minister Ie slaan die zijn bloedeigen zoon is.
Een onmiddelijke diplomatische verzoening moet daar op volgen...
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