Source: FelixArchief no. 1968#563
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N° 31 — 1923
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Editeur J. MEUWISSEN, 10-19. rue Charte] de Coster, Hhrux clics Téléphone: 316 78 Compte chèques postaux : 4Ö 332
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YVETTE
VEDETTE
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La jeune fille et la jeune femme saine et simple, distingué e, élégante et de bon ton: c’est Yvette Andreyor, une des physionomies les plus marquantes du cinéma français. Nous avons désiré présenter à nos lecteurs en un aperçu succint cette artiste de talent qui connut le Cinématographe à l'époque — pas bien lointaine encore — où l'on faisait un travail hâtif sans souci de soigner la mise en scèhe, et sans souci surtout de mettre en valeur la personnalité de l’interprète principal; les Américains nous ont appris depuis à ne point sacrifier ces facteurs au scénario; les producteurs d’Outre-Atlantique peuvent avoir exagéré en misant trop sur l'Etoile et le luxueux décor: mais l’expérience a démontré qu'ils n’avaient fait que s'aventurer un
peu trop sur la bonne voie. Depuis, en France
et par toute l’Europe, on a compris que les « Californiens » avaient souvent vu clair....
Madame Yvette Andreyor est de celles qui ont déploré les difficultés que rencontrent les metteurs en scène de son pays. Handicapés dans leur production par les difficultés financières, pour réaliser des œuvres dont la richesse peut concurencer avec succès les films d'Amérique.
Non que toute l’activité de notre héroïne se soit toujours tournée vers l’art né de la Lanterne
Merveilleuse; la scène fut son premier champ d’action.
Prix de Comédie du Conservatoire, classe de Liévain, M,u* Andreyor fut immédiatement engagée par Gé-mier au Théâtre Antoine pour quatre années; elle y joua entre autres avec un talent grandissant L’Enfant supposé et L’Homme gui assasina.
Ses succès aux feux de la rampe furent interrompus par la guerre. C’est dès ce moment qu’elle se donna complètement au cinématographe, où déjà, depuis 1910, elle avait créé toute une série de drames, comédies et sketchs, sous la direction de M. Léonce Perret d’abord, de l’abordant Pëuillade ensuite.
La Maison Gaumont avait en effet fait appel à l’esprit d’entreprise et au talent de la jeune artiste qui fit partie de la distribution des films suivants réalisés par Léonce Perret: Le Lys Brisé, L’Ame du violon, L’Amour et l'argent. Comment on les prend. Comment on les garde, Nanine femme d'artiste, Bacchus et Cupidon, Le Haleur, Le Lien, Les Béquilles, No*re premier amour. Le Ballon, L'Engrenage, Une Perle.
Celui qui devait nous émerveiller par son imagination insatiable à laquelle nous devons Pari-sette, Les Deux Orphelines et vingt autres bandes de longue haleine, l'attacha à sa fortune pour
M*>» Yvette Andreyor et son délicieux bambin.
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Tu ne tueras point
Tôt privé de ses parents, le trappeur français Gaspard a poussé comme un rosier sauvage et dans l’âme de ce sauvageon, deux fleurs sublimes se sont épanouies: l’amour de la Nature et de l’Humanité.
Pour tous les enfants du village, il est « L’Oncle Gaspard ».
Chaque année, pendant la saison hivernale, Gaspard quitte le pays pour n’y revenir qu’au printemps avec une provision de peaux de bêts, produit de ses chasses et fonds de ses ressources, en attendant qu’une mine d’or qu’il a découverte lui donne, sinon la richesse, du moins l’aisance nécessaire pour épouser celle que son cœur a .«noisî.
Or, pendant v.ner absence annuelle, un étranger, Benson, venu dans le pays pour y chercher de l’or, lui vole sa mine et sa fiancée: sa mine, parce que’ Gaspard avait oublié d’en faire enregistrer ie titre de propriété; sa fiancée parce que nul en ce monde ne peut être sûr du cœur d’une femme et que les absents en amour, ont toujours tort. Par bette double perfidie, cette âme droite, belle, pure jusqu’à ce jour, se transforme: la haine s’en empare, elle devient d’une laideur effrayant, e et ne tend plus que vers un but: se venger! Pendant sept ans, Gaspard prépare, attend cette vengeance; il ruine Benson, détruit peu à peu l’harmonie de son ménage, et finalement, suscite une querelle entre lui et une brute — querelle en laquelle Ben-son fait usage d’une arme à feu et blesse son adversaire, ce qui le fait condamner à la prison,
La femme de Benson étant morte, le Tribunal confie l’enfant à Gaspard qui se jure de faire payer au pauvre petit être les tortures morales que lui firent subir les parents de ce dernier. Mais devant la confiance, la joliesse du chérubin, la belle âme du trappeur refleurit à nouveau, et il se prend à chérir comme son propre fils celui dont il voulait faire son souffre-douleur.
Grâce à sa bonne conduite, Benson, est libéré par anticipation. Gaspard l’apprend. Son désespoir est indescriptible. Donc, cet homme qui lui a déjà pris tout ce qu'il aimait au monde, va maintenant lui prendre celui qu’il aime plus que sa vie... Non, cela ne sera pas! Et une idée diabolique germe dans son cerveau: Il capture un loup, l'enferme dans sa cabane dont il a fait un piège, et l’affame en l’espérance que lorsque Benson tc-vindra...
Mais ce n’est pas Benson qui se prend au piège, c’est son petit, son amour.Fou de douleur, il se précipite dans la cabane, sauve l'enfant et reste enfemér avec le carnassier; ce, pendant que Ben-son, qui vient d’arriver, apprend par son fils le terrible drame qui se déroule. Enfin, la porte s’ouvre pour livrer passage à Gaspard. 11 a vaincu là bêle, mais celle-ci lui a fait payer chèrement celte victoire.
PROGRAMME DU 28 OCT. AU 1 NOV.
Martha ....FlotOW
Ouverture
Le costume féminin et l’Art antiek
Documentaire
L’Ange gardien....M. Yvain
One step de l’Opérette "Là Haut”
Un Bon à Rien
Comédie en 5 parties interprétée par Charles RAY
Pourquoi hésiter
Valse
Ackermans
Tu ne tueras point!
Grand drame interprété par Lon Chaney, Alan Haie et Stanley Goethals
SEMAINE I
Le film se
VAfW
PROGRAMMA van 28 OCT. tot 1 NOV.
1. Martha....Flotow
Openingstuk
2. V. «uwenkleedij en Kunst der Oudheid
Oorkonde
L’Ange Gardien....M. Yvain
One step uit de operette "Là Haut”
Een Nietdeug
Tooneeispel in 5 deelen met Charles RAY in den hoofdrol
Pourquoi hésiter....Ackermans
Valse
Gij zult niet dooden!
Groot drama vertolkt door Lon Chaney, Alan Hale en Stanley Goethals
ROCHAINE
isationnel
PAUVRE MIDINETTE
Grand drame de
la vie Moderne
Le sang répandu par Gaspard pour sauver le fils de son ennemi lave la souillure que la haine avait fait:> au cœur des deux hommes et le divin pardon s’échappe de leurs lèvres.
Gij zult niet dooden
Gaspard wacht geduldig op de eerste voortbrengselen van een door hem ontdekte goudmijn, want hoopt hij, zoo niet rijk. dan ten minste welvarend genoeg te worden, om een zorgeloos leven te slijten aan de zijde van zijn hart-uitverko-rene.
Een vreemdeling is evenwel in ’t land gekomen, op zoek naar goud, en deze deinst er niet voor terug Gaspard én zijn groeve, én zijn aanstaande vrouw Ie stelen.
Dubbel getroffen, ondergaat de tot heden toe gelaten en liefdevolle natuur van Gaspard, een. algeheele ommekeer. Dien Benson, die hem alles roofde wat hem aan het leven verbond, och I erve igl hij thans met zijn haat. Dit lukt em, en hij slaagt er in Benson door een gemeen 'ndividu te laten aanranden; Benson, zich in levensgevaar wanend, gebruikt H vuurwapen tol verdediging, en de man stort neer, doodelijk gewond. Dit be-teekent voor Benson lange jaren gevangenis.
Door smart overmand, sterft zijn vrouw, en de rechtbank noemt Gaspard als voogd van 1, un kleinen zoon. In stilte legt deze den eed af dit onschuldig schepsel voor liet dooi zijn vader verrichtte kwaad te doen boeten. Doch zoo • ingenomen schijnt het ventje een nieuwen beschermer te hebben gevonden, zoo vertrouwelijk en liefdevol kijkt het naar Gaspard op, dat de laatste schqnbaar uitgedoofde liefdevonken weer op-laaieu, en hartstochtelijk bemint nu de trapper dien knaap, hem omringend met waarlijk vaderlijke zorgen.
Na zeven jaren wordt Benson uit de gevangenis ontslagen. Dan kiemt een duivelsche gedachte in Gaspar, dorstig naar wraak.
Hij vangt een wolf, sluit hem op, laat het beest dagen zonder eten, in de hoop dat Benson terug-keercud...
Doch niet Benson, wel de kleine jongen, heel zijn liefde en zijn levensrede is in den valstrik gevallen. Als dol, -snelt Gaspard naar het hok, redt het kind uit de klauwen van het ondier, en sluit zich op met den razend geworden wolf. Intus-scheri is Benzon terplaatste gekomen, verneemt het gebeurde uit monde van zijn zoontje. Nu opent zich eindelijk de deur, en de trapper verschijnt. Den wolf heeft hij neergeveld, doch niet zonder ’n onnoemlijk gevecht. Zoo stortte hij zijn bloed om hot leven van zijn vijand’s zoon te redden, stillend de gloeiende haat in de harten van beide mannen. En hot goddelijk vergevingswoord komt hun op de lippen...
.“»"W
Imprimerie du Centra. 2fi. Rempart Kipdorp.
l'élaboration de divers drames, parmi lesquels il faut citer:
Le Drame;
-suivirent: Les Cio • ches de Pâque, Le Mort vivant, La Fille du Margrave, Quand les feuilles tombent Les Yeux ouverts.
Sous le joug, lin obus sur Paris avec Henri Fercourt, L'Oc-ddent avec d’Auchy,
L’Engrenage avec Moriaud.
Puis Léonce Perret encore vit revenir à lui son interprète préférée et lui fournit l’occasion de s'employer dans La Conquête d'Aurélia,
L'Automne du cœur,
Le Trafiquant, Un mariage au cinéma, La cure de solitude, L’Ermite, Marquisette et Troubadour.
A partir de ce moment perce de façon plus décisive la personalité de notre vedette, en tant qu’interprète cinématographique. Tour à • tour avec Robert, Bourgeois et Ch. Bruguet, puis avec Feuillade encore ou Rasel, enfin sous la direction de L. Prieur, Moriaud, Henri Fescourt et Monca, Yvette Andreyor crée toute une série d’héroïnes
Scènes de divers films dont le premier rôle est tenu par notre vedette Yvette Andreyor j on re marquera la finesse du profil et la pureté des traits de l'artiste, qui porte avec un charme égal la robe d’intérieur et les souples toilettes de bal.
dans de grands films à succès. Cette période de 1913 à 1922 nous apporte d'abord trois drames poignants avec Robert, où l’artiste dont la carrière fait l’objet de cet article, se distingue et conquiert une place en vue dans les tous premiers rangs des artistes français.
Ce sont: Satan, Au Pays de la Mort et Le Revenant. Après Fascination, de Bourgeois, Feuillade, est heureux de s'attacher le talent de l’étoile, qui triomphe de Remember, Fille d’Eve et Le Double Jeu. Judex, Le Bandeau sur les Yeux, La Figure de Liby, Herr Doktor, Deserteur, Le Double, La Nouvelle Mission de Judex, c’est une nouvelle série de Feuillade, cause de succès pour tous les artistes de la très homogène troupe de fertile créateur français, et où
au public des théâtres parisiens, plusieurs créations importantes.
Jean Toulout et notre vedette dans Roi de Camargue.
Yvette Andreyor et Jean Toulout dans La Nuit du 7J.
notre vedette réalise les types les plus divers et les mieux compris.
Nous ne continuerons pas cette fertidieuse énumération, qui groupe encore La Maison d’Argile, Mathias Sandorf et mainte autre remarquable production. L’immense travail fourni par Yvette Andreyor en ces dix dernières années ti’en constitue pas ’moins un curieux bagage, dont peu d’artistes peuvent s’-enorgueuillir. Qu’tfn se rende compte surtout de l'effort fourni par cette merveilleuse interprète, qui dans de mauvaises conditions de travail mit son cœur, sa sensibilité au service d’œuvres si diverses.
Depuis la Saison dernière, Yvette Andreyor, artiste de. race, semble vouloir revenir principalement au théâtre.
Engagée au théâtre national de l’Odéon, elle vient d’y jouer avec le plus grand succès (toute la critique fut des plus élogieuses). Les Fruits défendus, de Gustave Féry, La Bataille, de Pierre Fron-daie, d'après Claude Farrère, Elmire de Don Juan, Les Dieux ont soif, d’Anatole France.
Pour cet hiver enfin, Yvetie Andreyor donnera
Rien n’égale l'activité de le talentueuse artiste, si ce n’est ses qualités scéniques, et cette émotivité qui fait d'elle une des plus intéressantes vedettes théâtrales et cinématographiques françaises. D’un charme et d'une beauté remarquables, Yvette Andreyor est douée d’une nature sensitive et d’un esprit délicat autant que cultivé. Souvent c’est aux côtés de son mari — Jean Toulout, dont nous nous sommes plu à souligner le talent dans un prédédent numéro de notre magazine — que notre vedette a triomphé sur la scène où à l'écran: il est peu d’exemples d'artistes .unis par d’indissolubles liens, possédant tous deux d'aussi remarquables qualités de naturel, de distinction native et d’émotivité que Toulout et Yvette Andreyor.
MÀRNIX.
Yvette Andreyor dans Roi de Camargue,
La réhabilitation du film policier
Il y a, enfin, un petit fait nouveau, tout nouveau, en raveur du cinéma. Un voleur, s’étant collé un masque sur la figure, a fait irruption dans une* étude d’huissier, le revolver à la main. Il a crié, selon la meilleure tradition cinématographique:: « Haut les mains I » Et il se figurait, dans sa candeur naïve, que les quelques braves gens qu’il trouvait devant lui allaient immédiatement obéir à ses ordres.
Pauvre imbécile de voleur! Les petits clercs de ll’huissier lui ont ri au nez, ont ri de son masque et de son « Haut les mains 1 » Us lui ont crié: « Mon vieux, tu ne nous fait pas peur avec ton masque. C’est du cinéma. Nous avons déjà vu ça avec Douglas Fairbanks. C’est toi qui va lever les mains. C'est toi qui va' aller tout de suite au poste. Allez Pas d’observation. »
Le bandit benêt est en -prison, grâce au cinéma.
Maurice PRAX (Le Cinéma)
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La Leçon de Cinéma
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M. Hermans Grégoire est un des jeunes, des très jeunes écrivains sur qui Ha littérature belge, dite d’expression française, fonde les plus légitimes espérances. Ses débuts sont encojre récents. Rentré de la guerre, qu’il fit en Afrique, avec un roman d’un charme à la fois neuf et pénétrant: « Le Feu dans la Brousse », il a eu la chance de voir primer cette première œuvre au concours littéraire organisé, en 1921, par la « Renaissance d’Occident », une des meilleures revues de chez nous.
L’armée suivante, une pièce de lui: «Haya», inspirée également par la vie coloniale, fut jouée à Paris, par la troupe de la Chimère, sur la scorie des Champs Elysées, et comme la critique belge avait salué le romancier, la critique française, d’enthousiasme, salua le drama» turge. Cette année, enfin, après une brève et laborieuse retraite, M, Herman Grégoire a publié, coup sur coup, deux romans qui confirment sa jeune maîtrise. Dans le premier: «Ma-kako, singe d’Afrique », il semble dire adieu aux paysages lointains qui, un instant, l’enchantèrent; dans le second: « La Leçon de Cinéma », il pénètre d’emblée, lui, l’évadé des tropiques, l’amant de la vie sauvage et libre, dans ce que notre monde « civilisé » offre de plus complexe et de plus inédit: la vie du septième art. C’est ce livre que je voudrais faire connaître et ajmer par les lecteurs de « Ciné-Revue ».
Il y a quelques jours, parlant du cinéma, qu’il appelait « l’école des femmes », M. Emile Vuillermoz écrivait dans le « Temps »:
« L’acteur et surtout l’actrice du cinéma — généralement plus sensible, plus vibrante et plus observatrice que son compagnon — représentent dans notre civilisation contemporaine up type d’humanité inédit. T .a conversation d’une femme de théâtre est généralement un peu trop spécialisée. Celle d’une jeune première de cinéma est infiniment plus riche et plus imprévue. Cette gracieuse ingénue, qui a la fragilité d’un bibelot précieux qu’on ne doit sans doute jamais sortir de sa vitrine, vous stupéfie en vous racontant avec une parfaite simplicité ses innombrables traversées, ses souvenirs du Maroc, de la Tunisie, de l’Egypte, de l’Amérique et du Japon. Elle connaît tous les paysages de France. Sa mémoire est un merveilleux livre d’images, qu’on ne se lasse pas de feuilleter. »
Si ces lignes ne dataient d’hier, on croirait que M. Herman Grégoire s’en est servi comme d’un point de départ pour écrire sa « Leçon de Cinéma ». Ce qu'il nous raconte, en effet, c’est l'histoire de Clara Béryl, une jeune première de l’écran. Mais à confronter les lignes ci-dessus de Vuillermoz et le livre de M. Herman Grégoire, on mesure d’un coup les ambi-"
itions, plus hautes, de ce dernier. Le romancier a su résister à la tentation de promener sa Clara Beryl dans « les plus beaux sites de l’Europe entière ». Il n’a pas fait un recueil d’images conventionnelles, ce qui eût été d’un attrait trop facile et trop vulgaire. « Le ciné» ma, dit-il, c’est la synthèse ». Il y insiste. Cette idée revient constamment sous la plume. Il est moins essentiel, pour le septième art, de dérouler sous -nos yeux les multiples aspects de la vie, que .d’exprimer la vie elle-même, et
Voici encore une photo d'un attrait particulier, prise au cours des prises de vues de “Les Dix Commandements On voit ici Cecil B. de Mille et l'auteur du scénario Jean-nie Mocpherson expliquant à Léatrice Joy ce qu'on attend d'elle. Les trois personnes ont pris place dans l’ascenseur ui doit les transporter à 200 pieds de hauteur; l'échafau-age a été dressé au haut de la nouvelle église de San Fransisco d'où l’on conduit les opérations de prise de vues.
l'amour, et la mort, ces éternels motifs de l'exaltation des poètes, en quelques gestes précis, synthèse de tous les gestes humains. Voilà l’épine dorsale de l’intrigue imaginée par M. Herman Grégoire. Voilà la leçon de cinéma, telle que son héros, Germain Fabrice, renseigne à Clara Beryl. N’allez pas croire, toutefois, que la « Leçon de Cinéma » soit un roman aride, parsemé de considérations philosophiques et esthétiques. C’est, au contraire, une œuvre vivante et mouvementée, comme le monde tout neuf dont elle s’inspire.
Germain Fabrice, homme volontaire et mesuré, -habitué à dominer les autres, parce qu’il ne se livre jamais à personne, et trouvant une âpre volupté dans l’exercice de son
de sa domination. S’il a pu vaincre ses instincts, il n’a pu vaincre ceux des autres. Entre Falco et Christiane, amants heureux, il reste l’enfant de la morte...
« Mais l’essentiel, c’est qu’ici la vie recommence avec un poids très lourd de soucis matériels pour faire équilibre aux tentations mauvaises, aux appels de l’infini. »
Sans doute, un chant mortel s’élève de la « Leçon de Cinéma ». 11 s’y mêle, néanmoins quelques pures incantations à la vie et • à l’amour.
Et puis, j’ai très •incomplètement résumé, je-le sens bien, ce beau livre. En ai-je seulement rendu les grandes lignes? Une œuvre comme-celle-là, faite d’analyse subtile, ne se peut raconter sans qu’on la trahisse.
Et je n’ai pas encore dit que M. Herman-Grégoire, mêlé quelque temps, je le sais, au monde du ciné, en a saisi les grandeurs et les petitesses, qu’il nous fait pénétrer, à la suite de scs héros, dans un studio belge, « l’un des plus beaux studios d’Europe », et qu’il décrit.
pouvoir, est venu au cinéma par hasard. Il y emploie ses qualités, et y ayant retrouvé Christiane, la maîtresse toujours soumise, qui ne peut plus rien lui donner, car ce pétrisseur de femmes l’a modelée à l’image qu’il a voulu, il s’intéresse à Clara Beryl, fraîche et d’une matière plus souple. Il veut que Clara réalise à l’écran l’image la plus haute de la passion. Pour cela, il l’éduque patiemment, usant à son gré de l’emprise qu’il a bientôt sur elle. Christiane, répudiée peu à peu,’fuit avec Pascal Falco, le jeune ami de Fabrice. Clara, qui eut un enfant de Falco, ne regrette pas ce dernier.
N est-elle pas amusaate aussi cette photo de Agnès Ayres, et son chien Pol-Pol, un artiste cinégraphique ayant . déjà tait ses preuves et qui figure dans un prochain film sorti des studios Lasky. On le voit ici, blessé a l'ceil, et soigné avec sollicitude par sa gracieuse maîtresse.
tout envoûtée qu’elle est par Germain. Celui-ci regrette sourdement Christiane. Il se domine pourtant, .et continue l’éducation de Clara. La jeune femme, docile et bientôt parfaite, attend vainement l’amour qu’elle espère en échange de sa soumission. Désir confus de dominer à son tour le dominateur qui se sera abandonne. Désir de femme... Tout cela se termine ‘en tragédie. Clara, pour avoir trop bien joué la mort, et avoir trop bien écoulé la « leçon de cinéma », finit par se suicider. Germain est tué en duel par Falco. Le dominateur est victime
en passant, dans la forme alerte qui lui est particulière, quelques parfaits paysages de chez nous. -.
« Le cinéma, c’est la synthèse. Oubliez la leçon de cinéma », conseille-t-il. à ceux qui seraient tentés de jouer les Germain Fabrice, à collés qui pourraient souffrir comme a souffert Clara Béryl. La recommandation est inutile, dite d’ailleurs sur le ton narquois. Mais tous ceux qui aiment les lettres, la jeunesse et l’art nouveau, ceux-là écouteront avec plaisir la « Leçon de Cinéma »... FRED.
MICHEL MATTHYS Auto-PI«no» OUCANOLA, PHILIPPS, Rouleaux
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J/oooooooooeoooooo
. Ce que nous verrons sur l'écran
v\OOOOflOOOOOOOOOOOOdODOOOOOOOOOOOOOQOOOOOOr
Le Chant de l’Amour triomphent
pVoopooooooooooo oooooqop oooooooooooooo/ro oooQooooooooooooeoooooooooooooootioo 0900000000000000 QOOOOOOO/îS 0000000000 0000 0 000 000 0 OOOOOOOOOOOOOOVSyJoOOOOQQOOPQOOQOO00OOOOQOOOOOOOOO O000 000G
C’est à Tourgueneff, l’auteur des « Fumées » et des « Vierges », qu’est emprunté Je scénario de cette oeuvre, tout empreinte d’qne étrange poésie, où se cotoyent l’esprit semi-moyenageux et mystique de notre Renaissance et les mystérieuses sciences en honneur dans le proche Orient.
Comme' les arts, les mœurs et l’architecture moresques, arrivés à un haut degré de peroù les effets de contre-jour, les clair-obscurs, les scènes au clair de lune, sont rendus avec une vigoureuse netteté.
Du temps de la Renaissance italienne, Mu-zio et Fabio, deux jeunes gens de la haute noblesse, vivaient à Ferrure. Ils étaient unis par les liens de la plus cordiale amitié et pas-( saient tout leur temps ensemble. Alors que Fabio s’adonnait à la peinture, Muzio était
Chez le comte de Ferrare,
fection, imposaient leur empreinte sur la glaise encore malléable de notre civilisation naissante d’alors, ainsi l’âme simple, mais assoiffée de rêves, des plus raffinés même, subit aisément ’empreinte de la poétique fantaisie levantine.
Le « Chan.t,e l’Amour 'triomphant » nous fait vérifier une fois de plus ce fait. Dans des décors impressionnants, d’une splendeur sobre pourtant, se développe l’action du drame qui se situe en grande partie, dans la Ferrare du XVIe siècle- Les interprètes chargés des .rôles principaux, ont senti et exprimé avec justesse les personnages incarnés; ce sont MM. Jean Angelo, Roila Norman, Mme Kovanko et M. Jean d’Yd.
Avant de retracer à grands traits les phases de l’action, rendons aussi justice à l’opérateur qui nous présente une photo d’un beau relief,
un musicien accompli, et l’amour des arts contribuait à consolider davantage encore, si possible, la cordialité de leurs rapports.
Or, le sort voulu qu’ils s’éprissent, l’un et l’autre, de Valeria, jeune fille d’une .beauté remarquable et dont la vertu était légendaire dans toute la province. Us s’avouèrent mutuellement leur passion et jurèrent, sur la croix, que si l’un d’eux avait le bonheur de conquérir le coeur de Valéria, l'autre s’inclinerait en silence, sans que cet événement put atteindre en rien la pureté de leur amitié. Longtemps ils firent en vain la cour à la jeune fille, qui avait de la sympathie pour tous les deux et qui n’arrivait pas à 'discerner l equel d’entre eux elle préférait. Sur les conseils de sa mère, elle finit par .accorder sa main à Fabio. Dès qu’il eut' appris sa décision, Muzio vendit ses terres et tout ce qu’il
possédait, et s’embarqua à destination des pays lointains et peu Connus dont l’exotisme le tentait. Au moment de monter à bord du1 bateau, il embrassa cordialement son ami et lui dit:
— Sois heureux, mon cher Fabio. Quant à moi, je ne reviendrai pas ici tant que je n’aurai pas réussi à vaincre complètement mon amour...
Quatre ans s'écoulèrent ainsi. Fabio et Valéria avait créé un foyer charmant, et le moindre nuage de dissension n’était jamais venu assombrir leur existence. Et, sans prévenir personne, Muzio apparut soudain à Ferrare. De ses voyages, il avait raporté une étrange façon de se vêtir et avait ramené un serviteur hindou qui était muet, mais dont lé regard avait une acuité et une force d’expression extraordinaires. Fabio fut très heureux de revoir son ami et l’invita à venir habiter le pavillon qui se trouvait dans le parc immense qui entourait sa maison. L’apparition de Muzio apporta un trouble singulier dans l’atmosphère paisible de la demeure de
Le rêve de Valéria.
Fabio et de Valéria... Avec le concours de son domestique étranger, qui était initié à tous les mystères des sciences occultes, Muzio montra à ses amis des choses tellement surnaturelles, que la jeune femme prit peur et se' demanda s’il n'avait pas renié la religion chrétienne pour adhérer à' une de ces castes, mystérieuses que l’on disait exister en Orient. Pour dissiper le malaise qui s’était créé entre eux et pour rappeler l’agréable cordialité de leurs relations de naguère, elle lui demanda s’il continuait à s’occuper de musique. Sans se faire prier, Muzio se fit apporter par son serviteur indien un violon bizarre, très différent de ceux que l’on fabriquait en Italie, Et, d’un archet savant, il exécuta une mélodie orientale qui remplit là pièce de sonorités merveilleuses et fit. naître dans l’âme des auditeurs des sensations profondes, jusque là inconnues.
— Quel est cet air? demanda Fabio étonné.
— On me l’a enseigné dans Elle de Ceylan. U s’appelle « Le Chant de l’Amour triomphant ».
Pendant les nuits qui suivirent, on entendit
Muzio excëcute u Le Chant de l'Amour triomphant „.
souvent Muzdo rejouer cette musique enchanteresse. Et toutes les fois, Valéria était la proie de songes étranges qui la troublaient profondément et qu’elle se refusait à raconter à son mari, Une anxiété inexplicable s’était substituée au calme bonheur qui avait jusque là régné dans cette demeure. Or, une nuit, Fabio constata que, subjuguée par une force mystérieuse, Valéria avait quitté sa chambre pour se rendre au pavillon de Muzio, A son tour, il se précipita dans le jardin et rencontra, dans une allée, son ami qui .marchait droit devant lui sans paraître rien entendre, ni rien voir, comme si tout son être obéissait seulement aux ordres impérieux d’une passion surhumaine, Fabio crut entendre à nouveau les accents du «Chant de l’Amour triomphant ». et poignarda Muzio dans un accès de jalousie furieuse. Muzio était mort.
Mais voici qu’obéissant à des rites d’un mysticisme exotique, son serviteur muet se livra sur le cadavre à des pratiques de la magie occulte et réussit à lui insuffler assez de vie pour que le mort quittât lui-mème la maison et se mît à cheval. Muzio partit sans que personne se doutât du drame terrible qui s’était déroulé dans la nuit.
Nul ne sut jamais vers quelle destinée le serviteur hindou avait emmené le cadavre de son maître, ni où il l’avait enterré...
Le charme étrange qui s’était exercé sur Valéria se dissipa aussitôt et, petit à petit, la vie des époux reprit son cours habituel. X.
Muzio et son domestique rendent visite à Fabio et Valéria.
Pourquoi aimons-nous parfois à nous évader du temps où nous vivons, pour nous transporter par l'imagination aux temps anciens — laudatores temporis acti — jugeant toujours que notre époque ne vaut que les > années d’autrefois?
Pourquoi?
Est-ce une manifestation de ce sentiment si commun à l'humanité qui soupire toujours après quelque chose d'autre, espoir que ce qui viendra sera meilleur que ce qui est, regret que ce qui est soit moins bon que ce qui a été?
La vie de bohème nous transporte ainsi dans le Paris du milieu du siècle passé, si différent du Paname d’aujourd’hui et dans ce quartier latin jadis si débraillé, plein de chansons et de rires, et aujourd’hui, calme et grave, un quartier latin en lunettes d'or ou d'écaiile, penché sur des livres de sciences.
Ce soir-là, veille de Noël, la mansarde était sans feu. Marcel, le perintre, et Rodolphe, le poète, le premier devant son chevalet qui supportait une toile commencée, l’autre devant sa table chargée de vieux bouquins, de paperasses et de feuilles blanches cherchaient l'inspiration qui ne venait pas. On dit pourtant, que les Muses aiment les mansardes nues et froides. Serait-ce là un de ces lieux communs, de ceux que nous a laissés le vieux romantisme?
— Ah! s’écria soudain Marcel, cette mer rouge — il peignait le passage de la Mer Rouge où Moïse noya l’armée des Pharaons — cette mer rouge est froide et glacée comme une mer arctique, ou plutôt comme le cœur de Musette, la traîtresse.
— Et moi, répliqua Rodolphe, je vois, dans le ciel gris, la brume qui monte et g’épand comme un voile de fumée. Tandis que notre cheminée est veuve de toute braise.
— Et qu’il gèle.
Le peintre Marcel dans sa mansarde.
— Comment faire?
Brûlons ma « Mer Rouge ».
— Quoi 1 ce chef-d’œuvre? Non. Plutôt, tiens, j’ai là dans mes tiroirs mon drame en cinq actes, que la maison de Molière a refusé, l'imbécile.
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Rodolphe.
alors que ce serait le succès...
— La gloire...
Et les deux amis se mirent à jeter au feu l’un après l’autre ces actes où le poète avait mis toute son âme.
En ce moment arrivèrent, en même temps que Colline, le doux pion marchand de grec, et Schaunard, le musicien, deux gamins de Paris, qui déposèrent sur la table es victuailles, des bouteilles, des cigares, et près de la cheminée, des bûches de sapin, promesses de belles et rouges flambées de fête.
— D'où nous vient cette abondance? interrogeaient les deux artistes.
— D’Angleterre, répondit
Schaunard. Oui, mes enfants, l’Anglais n’est plus notre ennemi héréditaire. Aujourd’hui du moins nous lui devrons la vie. Voici: un milord anglais me fit venir il y a trois jours et me dit: « Vous êtes musicien; jouez devant mon
— Schaunard, déclara Marcel, tu est vraiment un grand musicien.
— Et Momus, le meilleur gargotier du globe, continua Colline.
— Allons donc, partons 1
— Pour la gloire et pour l’amour 1
— J’enrage, protesta Rodolphe. Mais il faut que je finisse ma chroniquç pour le « Castor » quelques lignes encore, et je vous rejoins.
Et tandis que la troupe joyeuse descendait en chantant vers la rue d’où montait une rumeur de fête, Rodolphe se rassit devant sa table, éclairée de la flamme vacillante d’une chandelle.
Allons, travaille, chroniqueur! Fais ton métier d’amuseur. Tu as vendu ton corps et ton âme à la littérature, tu es pauvre, tu es triste, tu sens venir les rides, qu’importe, il faut que tu cherches dans ton cerveau et dans ton cœur de quoi intéresser le bourgeois ou la pipelette. Travaille. Creuse ton âme, épuise ta pensée, imagine des choses lointaines, crée du rêve, le lecteur attend.
Rodolphe songeait.
Cette rumeur lointaine qui déferlait jusqu'à la fenêtre de sa mansarde, de quoi était-elle faite? De cris de joie,
de cris de haine, de serments d’amour, de soupirs et de plaintes. AhI ce Paris que le poète veut rendre dans ses vers et ses proses, quel être mystérieux et complexe, quel monde!
Soudain un doigt timide frappa la porte.
Une jeune femme entra, un peu essouflee, chancelante, sa chandelle éteinte et une clef à la main.
— Pardon, mon voisin, dit-elle, si je vous dérange. Je suis dans la misère.
Le poète s’empressa:
— Entrez donc, madame, entrez, je vous en prie. Mais vous chancelez, seriez-vous souffrante?
Colline.
endant trois jours, j'emplis de ma musique la plus insinuante les oreilles du volatile qui ne voulait pas mourir.
perroquet jusqu’à ce qu’il meure». Drôle d'idée, me ois-je.
liante les oreilles du volatile qu Heureusement, ma grâce a touché la servante, et le persil sut persuader à Jacquot que Pluton l’appelait aux demeures profondes. Et voilà. Jacquot est mort.
— Vive Jacquot!
— Et l’or de Milord qui nous vaut ce festin.
Déjà, le poète et le peintre déballaient les victuailles, débouchaient les bouteilles, quand Schaunard protesta
— Eh quoi! souper chez soi, la veille de Noël! Laissez plutôt toute cette manne pour les jours de détresse. Une veille de Noël, quand tout Paris est dehors, quand les étudiants font bombance avec les grisettes et que tout le quartier latin renifle avec délices les parfutns divins des boudins et des fritures... Non, non! C'est chez Momus que nous irons souper. Je vous invite tous.
Cbaunard.
— Non, non, soupira-t-elle, six étages, une échelle... et elle s'évanouit dans les bras de Rodolphe qui la fit asseoir près du feu.
— Mon Dieu! c'est le froid, dit-il comme elle rouvrait les yeux. Un doigt de vin. Oui, voilà, ça ira mieux tout de suite. Cet hiver, ça vous glace. Et l’escalier est bienraide. Oui, ne parlez pas. Reposez-vous. Non, non, vous ne me dérangez pas. Est-ce qu’une apparition charmante comme'vous êtes peut déranger un poète. Tenez, j'étais là, me creusant la tête pour trouver des choses, des choses, à mettre dans les journaux pour amuser le public. Ça n’allait pas. Rien ne me venait. On entend dehors les bruits de la fête du quartier latin et je songeais à mes amis qui sont partis.
— Vous irez les retrouver.
Elle se remettait maintenant et souriait aux propos un peu incohérents de Rodolphe. Ses joues pâles avaient repris quelque couleur. Ses grands yeux semblaient lumineux et profonds. Rodolphe la regardait et souriait lui aussi.
— Et vous êtes venue.
— Pour vous demander du feu, mon voisin.
— Sans doute. Oh I je vous connais un peu voisine, un tout petit peu, pas assez à mon gré. Moi, tenez, je suis poète. J’écris. Je chante. Je vis ainsi, joyeux dans ma mansarde, parce que j’ai pour compagne la muse qui me transporte en des Espagnes, où sont les châteaux les plus beaux, en des Eldorados, où sont les ors les plus riches, en des Cythères, où sont les amours les plus douces. Je le croyais du moins jusqu'ici. Nous autres, poètes, nous sommes un peu des fous, dit-on, et nous nous çontentons souvent des viandes creuses que nos imaginations nous servent. Mais depuis que vous êtres entrée ici, il me semble, voisine, que tout cela n’est plus rien que ma muse me donnait. Vous êtes entrée. De votre premier sourire vous m’avez conquis. Et vous, dites-moi...
-- Je suis Mimi. C’est ainsi qu'on m'appelle, bien que mon véritable nom soit Lucie. Ma vie est simple et claire. Je n’ai pas de famille. Je vis ici, dans la mansarde voisine de la vôtre; je travaille du matin au soir; je brode sur la soie des lis, des roses, des guirlandes, du printemps, du rêve. J’aime toutes les choses charmantes, gracieuses, qui parlent, de chimère et de songe, le printemps, les fleurs, les oiseaux, la brise qui passe sur les toits, la pluie même quand un rayon de soleil l’argente, tout cela qui étreint l'âme et tire du cœur les soupirs tendres et des yeux les larmes douces.
. — Oh! mademoiselle!
— Je suis folle. Je vis toujours seule, entre les murs de ma chambrette. tout près du ciel. Parfois ma fenêtre est fleurie, une touffe d’œillets, le muguet de mai qui parle de rêves d’amour, la violette au cœur parfumé, une branche de lilas rapporté d’une après-midi à Meudon. Et je rêve, je rêve, je rêve.
— De celui qui viendra.
— De celui qui viendra, oui, je rêve de celui-là que j’aimerai et qui m’aimera.
— Dites, voulez-vous...? En vous voyant entrer tout à l'heure dans ma chambre, en vous regardant maintenant toute blanche et rose, et souriante, il me semble que c’est ma jeunesse que je revois, ma jeunesse aux rêves exaltés, mon printemps claire aux fleurs éblouissantes, c’est l’ivresse de mes vingt
ans, c'est l'espérance ailée qui plane dans le ciel bleu, c’est la foi, c'est l’amour. Dites, voulez-vous que je sois celui-là qui viendra? Dites Mimi, douce Mimi?
— Déjà! mais vos amis vous attendent chez Momus, pour le réveillon de Noël. Si j’allais avec vous...
— Viens donc. Mimi, en route pour la Bohême. M’aimeras-tu?
— Je t’aime.
Et les deux jeunes gens descendirent vers la rumeur de fête du quartier latin, où chacun avec sa chacune s’en allait chanter l’allégresse du réveillon.
(A suivre.) Jean BLAISE.
Echos et Nouvelles
Encore un globe-trotter
Un directeur de cinéma anglais, dérouté sans doute de l'exploitation, vient de quitter Manchester pour faire le tour du monde à pied. On lui a prêté un appareil de prise de vues et son capital original consistait en un penny qui lui a été remis, lors de son départ, par le premier magistrat de la ville. Il se propose de tourner des bouts de films pittoresques tout le long de sa route. Quelques-uns pris pendant la traversée* pédestre de l'Angleterre ont d’ailleurs déjà obtenu un grand succès sur les écrans britanniques.
Culture de Perle»
D'après notre consœur Filma:
Entendez plutôt: Une jeune et fort jolie Etoile rendit un jour visite, à son domicile, à un metteur en scène. Celui-ci homme de goût, très cultivé (il en est quelques-uns tout de même) s’est plu à parer son logis de gravures et de silhouettes, effigies dei romanciers et des poètes qu’il aime. C’est ainsi que son bureau s'orne de deux petits bustes, reproductions des traits du Dante, et de Voltaire. Dante y paraît, glabre et grave, la tête encapuchonnée de ce bonnet aux longues pattes tombantes, cachant W oreilles que les gravures ont partout fait connaître.
L’Etoile ne sut pas rester muette, à l’exemple de l’art, que par ailleurs elle sert, évidemment, brillamment. Elle regarda le buste du Dante; et prit pour un bonnet d’aviateur le couvre-chef en question.
— Tiens, s’écria-t-elle, vous avez la tête de Védrines?
Le metteur en scène tomba... des nues. Il expliqua complaisant qu’il y avait erreur sur la personne et qu’il s’agissait du Dante.
— Je comprends, l’interrompit la bavarde, celui-ci, Dante, et l'autre à côté, son collaborateur Allighieri.
« En... Dante » en la circonstance, c’était aller « fortissimo ».
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Catéchisme cinégraphique
Qu’est-ce que la Censure?
C’est une merveille plus grande encore que le fisc, qui a pour but de ménager les susceptibilités internationales et de favoriser le commerce de la coutellerie. C’est la Censure qui pourvoit en feuilles de vigne et autres accesde vivre dans l’obscurité, généralement doué 13‘ .de raison, et qui aura sa place au ciel, car il vit et meurt en martyr. On reconnaît les ciné-graphistes, quand ils sont deux, à des éclats de voix témoignant d’un complet désaccord.
Le cinégraphiste adulte se nourrit de pain de maïs, de navets et de liqueurs fortes comme tout le monde. Les cinégraphistes se réunissent périodiquement en d’immenses salles obscures,
Le Producer Elisor et le scénariste Frank Condon en agréable compagnie, encadrés des girls de " Hollywood „
Voici un des derniers clichés qui nous soient parvenus des Studios Lasky; on y voit quelques-unes des artistes interprétant Hollywood, avec leur metteur en scène et scénariste, MM. Elisor et Frank Cordon.
soires vestimentaires, les étoiles qui négligent parfois leur toilette. On l’appelle Anastasie. Parlez-nous du studio.
. Le studio est le lieu sacré du cinéma, où se réunissent tous les apôtres de l’Art Muet. Ceux-ci sont soumis à des règles sévères et de barbares pénitences leur sont parfois imposées. Ils doivent s’enduire le visage de couleurs oléagineuses qui les font ressembler à des échappés du tombeau.
Qu’est-ce qu’un cinégraphiste?
C’est un être humain qui a pris l’habitude
dites lieux de présentation, pour jouir d’un sommeil réparateur et fuir l’agent diu fisc. Parfois aussi, on les voit groupés autour de grandes tables et battre des mains toutes les cinq minutes avec la régularité d’un chronomètre: il s’agit alors d’un banquet corporatif. Us s’occupent le reste du temps, à diviser les mois en premières, deuxièmes et. troisièmes. semaines,. se livrant à des travaux de géomètres-arpenteurs. Ils prédisent aussi la pluie pour le dimanche suivant.
Marcel BONAMY.
Petites Nouvelles et Échos
Une innovation du “ Merle Blanc „
C’est celle dont notre spirituel confrère nous entretient dans les colonnes de son numéro du 22 septembre. Il ne s'agit rien moins que d’engager les députés et sénateurs à se montrer sous des dehors avantageux, par l’intermédiaire du « moulin à images ». Mais laissons notre confrère continuer comme suit sa harangue aux intéressés:
« Heureusement, Messieurs, nous avons tout pré-vu. Nous n’avons pas pu vous cinématographier, en train d’accomplir de grandes choses puisque, en quatre ans, cela ne vous est jamais arrivé. Mais nous pouvons le faire, maintenant, pendant qu’il en est encore temps, dans notre studio de Meudon où une importante figuration et un personnel choisi vous attendent. Nous garantissons la vraisemblance absolue des scènes que nous pouvons tourner et les tarifs réduits qui, le cas échéant, vous seraient appliqués:
— Le Député distribuant sa fortune
aux pauvres de la commune (Figuration: JO hommes) . . ... . fr.
— Le Député se promenant avec sa
nombreuse famille (6 enfants). Pour plus de 6 enfants, ce sont les mêmes qui repassent deux fois . . , ‘ . fr.
Le Député arrêtant un auto-car emballé et sauvant 78 personnes (gros effet sur le public)....fr.
— Le Député au travail. Décor sérieux, piles de livres, tableaux au choix, fr.
— Le Député au front, pendant la
guerre (grand choix d'actions d'éclat), film indispensable pour les départements de l'Est....fr. 1.200 »
Nous ne donnons ces scènes qu’à titre d’indication, et parce que ce sont celles qui nous sont le plus demandées. Mais nous pouvons tout faire. Nous montrerons le rural cultivant ses patates et Je Député de la Loire des Cendant dans la mine.
Sous ses dehors blagueurs, l’idée que développe M . André Dhal mérite l’attention: qui sait si, un de ces jours, quelque maison d’édition, désireuse de fabriquer des films aisément monnayables, ne réalisera pas ce mirobolant projet!
Effets
De M. Pierre Gilles dans le Matin:
Un ennemi acharné guette le metteur en scène à chaque tournant du film; cet ennemi, c'est l’effet. Il faut se méfier de l’effet comme de la pluie, de la fausse teinte ou de la-sur-exposition. Il suffit d’un effet mal placé pour gâcher tout un scénario.
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Mais, qu'est-ce au juste que l’effet cinématographique f L’effet, c’est une photographie, une scène, un truquage que le metteur en scène trouve heureux et qu’il replace une fois, deux fois, dix fois dans le cours de son film. Prenons un exemple, M. Huntel, directeur de prise de vues, a assisté à un superbe coucher de soleil sur l’Adriatique; il l’a cinématographié, l’a casé dans sa bande, et comme ce coucher de soleil l’a littéralement emballé, il nous le représente dans dix endroits différents; cette disparition de Phébus dans la grande bleue devient une obsession; quand le jeune premier enlève son habit, il revoit ce coucher de soleil, quand le traître enlève l’ingénue, il pense à ce coucher de soleil, quand l’ingénue dénoue pudiquement ses longues nattes blondes, le coucher de soleil apparaît en transparence dans sa chevelure, et les ondes de ses cheveux se mélangent à l’onde amère; le vieux grand-père paralytique mais conscient, évoque le coucher de soleil dans sa tasse de café au lait, et le petit chien qui fait le beau sur un fauteuil Louis-Philippe, est tout étonné de voir se profiler sur le reps du siège, le beau coucher de soleil de l’Adriatique.
“ Stro right; art „ »
Voici maintenant le chien « Strongheart », que l’on a admiré dans Hurle à la mort, qui change de nom. Les Etablissements Gaumont, qui éditerons ses films, l’ont baptisé * Vivax ». Le prochain, film dans lequel on verra cet admirable artiste à quatre pattes aura pour titre Avec les loups.
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La maladie, la fatigue et aussi les conséquences de la maternité furent la cause de l'affaiblissement de ma poitrine, de mes épaules osseuses et des salières profondes qui faisaient mon désespoir. Les toilettes les plus élé-gantes restaient sur moi sans valeur et ce n'était pas sans un profond chagrin et une secrète envie que je remarquais partout, dans la rue, au théâtre, au dancing, dans les salons, comme bien d'autres femmes, moins bien habillées, étaient, cependant, davantage admirées, à cause uniquement de leur ligne gracieuse Je ne veux pas dire ici combien j'ai souffert dans mon amour propre; aussi, pour remédier à cette situation, j'essayai tous les moyens qui existaient et suivis les conseils de plusieurs spécialistes, sans aucun succès. Les résultats furent beaucoup d'argent perdu. Mais j'avais mon idée et un but; rien ne me rebuta pour l'atteindre. Après des mois de recherches, je finis par découvrir une méthode que j'appliquai d'abord sur moi et qui me donna des résultats merveilleux. Encouragée depuis par le succès de mon "Exuber Bust Developer je désire que toute personne peu favorisée de la nature en fasse un essai loyal Depuis sa découverte, ma méthode a donné à des milliers de femmes des résultats remarquables, dans un délai de deux à trois semaines.
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