Source: FelixArchief no. 1968#373
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tant en salle et le tend à Walthall.Le coup plut à Griffith; il le laissa dans la scène, et me donna trois dollars pour ce trait. Plus tard, dans la journée, il offrit cinq dollars à n’importe quel cowboy qui voulait tomber du dos d’un cheval courant, sur une route d’asphalte. Ces cinq dollars étaient miens dès le début. Griffith, ensuite, offrit trois dollars à celui d’entre nous dont le cheval se tiendrait le plus haut en l’air pendant une course. Cette prouesse, je la réussis encore. Cela fit un montant de quatorze dollars de salaire pour le premier jour. Après cela, vous n’auriez pu me faire sortir du cinéma pour un empire. » Art Acord gagne le « New York Stampede », en 1916, et remporte maints autres succès, notamment dans les « round-up » et « rodeos ». La seule malchance dont le vaillant cow-boy se souvient est, d’avoir été appelé « nigaud » par Van Loan, au cours des histoires « Buck Parvin ».
La chance ne quitte pas notre héros à travers les péripéties des années de guerre. Il était avec la 4e division et eut sa part de la bataille de Verdun. Il, füt un des « heureux »
NOTRE VEDETTE
ART ACORD
Encore un élève de Griffith, et des meilleurs. Il débuta — après s’êt.re enfui de la maison paternelle — au studio de celui qui allait devenir le grand maître delà cinématographie américaine, aux côtés de Mary Pick-ford, Henry Walthall, Del Henderson, Florence Turner, Arthur Johnson, Hoot Gibson, autant de jeunes et brillants sujets, la plupart sacrés «étoiles» depuis.
Une anecdote — qui nous fut contée par Acord lui-même — agrémenta ses débuts.
« Walthall, par hasard, laissa omber son chapeau en traversant une route; n’étant pas au'courant des combinaisons du cinéma, j’entre en scène, ramasse le chapeau tout en res-
ART ACORD
dans
ße Cavalier ‘Blanc
qui échappa à l’atroce boucherie et remporta la croix de guerre.
« De tous les films dans lesquels j’ai tra-vaille, dit Art, au cours d’une interview, je préfère les « Moon Riders ». Je commence un autre film à épisodes pour l’Universal, et il me semble que je l’aimerai mieux que tout autre déjà paru. J’ai suggéré moi-même le titre « Le Cavalier Blanc », qui est celui que les directeurs ont adopté. »
Ces courtes notes et les photos suffiront-elles à camper dans l’esprit du lecteur la vedette de cette semaine? Nous l’aimons croire et les convions à la joie visuelle que sera la
Art Acord, star de T"Universal
projection prochaine d’une des belles productions de ce sportsman, cavalier et aniste de ciné accompli, aimé des foules de Californie et d’ailleurs. MARNIX.
Un beau geste
C'est celui que vient de faire M. Léon Gaumont en accueillant au « Gaumont-Palace »: La Glorieuse Aventure, film en couleurs réalisé par l’Anglais Stuart Blackton.
Car M. L. Gaumont cherche depuis longtemps, lui aussi, et à grands frais, le secret du cinéma en couleurs.
Faire ainsi à un rival étranger la politesse de lui offrir chez soi l'hospitalité, pour qu'il puisse faire apprécier les résultats qu’il a déjà obtenus,’ c’est assurément un beau geste.
CHINE
S. M. Hsuen-Tung et le Cinéma
Dans le Journal encore, M. André Tudesq publie des pages du plus haut intérêt concernant sa croisière au Pays des Célestes, en pleine anarchie aujourd'hui, sans Chambres (quoiqu’il y ait trois espèces de députés); sans ministres responsables (tous sont en congé « dans les Collines >); sans chef (la guerre civile mettant aux prises les généraux, commandant les divers partis); avec seulement un petit Empereur de 15 ans, que la République laisse s’étioler dans l’immense palais ancestral.
Ce souverain honoraire s’est fort intéressé à la Grande Guerre, quoiqu'il ne quitta jamais La Ville Interdite.
« Géographe en chambre, mais féru de voyage
> au long cours, l’impérial adolescent, fort intéressé » par la grande guerre, manifesta récemment fin-» tention de faire en Europe une tournée d’études. » Vif émoi à la cour et dans les hautes sphères. » Rappelés des Collines ou de leurs yamens des
> champs, les ministres tinrent d’urgence un conseil » au palais. Sa Majesté est jeune et s’ennuie: sa » nostalgie pourrait avoir de dangereux effets » politiques. C’est le rusé président Hsin qui a » tourné la difficulté.
» Puisque le jeune Maître goûte si fort les paysa-» ges et terres d’occident, au lieu de courir les mers » à leur rencontre, pourquoi ne pas les amener à » demeure, les rapprocher à portée de main, les » faire vivre chez soi? Un moyen s’offre, aisé: le » cinéma. Le trésorier du palais a traité avec une » firme franco-américaine pour deux séances heb-» domadaires à 50 dollars chacune. Ainsi, deux » fois la semaine, dans la nuit d’une de ses prisons » dorées, Hsuen Tung, seul de par sa grandeur, » regarde de ses yeux éblouis défiler sur l’écran » les grâces de Paris ou les brouillards de Londres, » les tranchées du Mort-Homme ou les clubs de » la Riviera. Le mélancolique petit empereur mand-» chou et son voyage immobile sur l’autre versant » du monde, quel conte vrai à la Kipling!... »
ANGLETERRE
Carpentier dans un combat en 1750.
M. Stuart Blackton travaille activement à son nouveau film dont Georges Carpentier est le protagoniste dans un double rôle de marquis et de bohémien. L’action se passe en 1750 et ces jours derniers on a tourné à Kd-gware, un des faubourgs de Londres, un grand combat dont Carpentier et Harry Drake, un attire champion de boxe, étaient les héros. Selon les usages du temps, on se battit au « poing nu » et la galerie, composée de nombreux sportifs (en costumes du temps) acclamaient les bons coups. Carpentier fit une entrée sensationnelle en sautant dans les cordes par dessus la tête des spectateurs. Le combat fut des plus sérieux, mais les incidents comiques ne manquèrent pas non plus, entre autres, lorsque Harry Drake, dans le feu de la lutte, arracha la perruque de son adversaire.
Relativement peu connu en Europe occidentale, 1’« expressionnisme » a fait fortune, si l’on peut dire, dans l’art des pays germaniques et slaves. Il s’y est même tellement imposé que dans la république des Soviets, où tous les pouvoirs, jusqu’aux plus inattendus, émanent du gouvernement, [’«expressionnisme» a été déclaré art officiel et a joui seul, à- ce •titre, pour un temps tout au moins, des subsides et des encouragements que les Soviets sont susceptibles d’accorder, Il en est résulté, naturellement, une débauche de poèmes, de toiles, de sculptures expressionnistes. En Al-
Une scène de Caligari
lemagne, où l’on a la tendance, par snobisme ou par une sorte de naïveté à rebours, de pousser les idées à l’extrême, l’expressionnisme triomphe dans les expositions les mieux cotées, dans l’illustration des affiches et des livres, des livres qui eux-mêmes sacrifient bien souvent à ce dernier « bateau ».
Mais qu’est-ce que l’expressionnisme?
Comme toutes les manières nouvelles d’écrire, de peindre ou de sculpter, celle-ci est difieile à définir avec des mots. H n’en existe pas encore, à mon sens, de définition acceptable. On peut pourtant dire ceci: l’impressionnisme enseignait, en matière de peinture, par exemple, que l’œil humain a ses routines
Une scène de Horreur.
et ses défauts; que pour un œil vraiment sain et parfaitement exercé, un objet qui paraît noir à première vue, peut être jaune en réalité; que le noir absolu n’existe d’ailleurs pas, puisqu’il faudrait, pour qu’il existât, supprimer le soleil; que pour rendre aux objets leur tonalité véritable, il fallait « décomposer », peindre séparément, les diverses couleurs dont cete tonalité est formée; qu’à ces considérations, et d’autres du même ordre, s’ajoute Je tempérament du peintre. L’on arrivait ainsi à produire des œuvres qui déconcertèrent au premier abord, mais dont les moins prévenus durent bien s’avouer, finalement qu’elles introduisaient dans l’art des richesses nouvelles et dés promesses plus riches encore. L’expressionnisme procède autrement. Il prétend que les objets, môme représentés avec cette sincérité totale, ne constituent pas la limite de l’art permis à l’être pensant; que celui-ci, s’il ne veut se borner à une phol-it Maison sans portes ni fenêtres
PIANOS RON1SCH
— MICHEL MATTHYS ..
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6 tographie plus ou moins parfaite de la nature, doit partir de la forme des objets pour imaginer des formes nouvelles, qui expriment d’une façon abstraite la pensée et ‘le sentiment de l’artiste. Certaines couleurs, certaines lignes disent la'joie, la tristesse, l’abondance ou le manque d’émotion. Il faut donc créer en employant ces couleurs et ces lignes, sans se soucier de copier la nature. Voilà une explication plus longue et moins claire que je ne l’eusse voulue. Elle est suffisante sans doute pour donner une idée sommaire de ce qu’on appelle l’expressionnisme.
Comme il fallait s’y attendre, l’ex-pressionn isme s’est essayé dans le septième art.
Tous les amateurs de ciné ont vu le Cabinet du Docteur Caligari.
Nous avons parlé de ce film. Quelque opinion que l’on professe à son égard, on ne peut nier qu’il représente l’effort de novation le plus hardi de l’hiver écoulé.Jamais encore un metteur en scène n’avait rompu avec toute tradition (si l’on peut déjà parler, ici, de tradition), que l’auteur du Cabinet du Docteur Caligari, déformant à son gré les objets, stylisant les formes naturelles, de manière à leur faire produire, auprès du spectateur, non plus une impression de parfait réalisme, mais une impression indépendante de la réalité. Et jamais encore aucun film n’avait exercé sur les foules une telle puissance de suggestion.
Depuis, des films plus récents, comme VHorreur, comme Torgus, comme la Maison sans portes et sans fenêtres, se sont succédés dans la manière, plus ou moins avouée, de Caligari. Le caligarisme est né, car le caligarisme, c’est l’expressionnisme au cinéma.
Une scène de Torgus.
Il y a deux manière de concevoir le septième art. Selon la première formule, celle du début, et qui prévaut pour ainsi dire partout jusqu’à présent, il s’agit de prendre, d’un être, d’un paysage, d’une scène mimée, des photographies sucoessives, qui, projetées à
l’écran, restituent, par leur succession même,, le mouvement de la vie. On peut, de cette manière, raconter un drame, une comédie. Mais l’impression produite sera toujours inférieure, auprès du public averti, à celle que procure un roman, un poème, une pièce de théâtre. C’est que les raffinés cherchent avec raison, dans une œuvre d’art, la création, ce qui est neuf, non dans ce que l’on dit, mais dans la manière dont on le dit, c’est-à-dire: le style. Dépourvu de style, puisqu’il se borne
à enregistrer l’aspect des choses, sans y ajouter aucun élément de beauté, le cinéma, dans c conditions, nt peut s'élever à la hauteur d’un art.
Mais on peut considérer, au contraire, que l’appareil des frères Lumière, « la. lampe merveilleuse», comme on l’appelle, apporta aux hommes un instrument nouveau. capable, non pas seulement de reproduire la vie, mais d’exprimer les choses les moins matérielles: un rêve, un état d’âme, une sensation. Corning le peintre use de la couleur, qu’il dispose à sou gré, comme le poète dispose des mots dont le rapprochement imprévu crée une sensation nouvelle, le cinématographiste ne peut faire que copier servilement 'la nature. Par la succession accélérée ou ralentie des images, par l’emploi des « flous » et des « caches », par la composition des décors produisant, au moyen de lignes, de plans et de tonalités, des impressions psychiques sur celui qui les regarde, et de mille autres manières encore, le cinématographiste peut œuvrer à sa fantaisie, matérialiser, en quelque sorte, les trouvailles les plus hardies de l’imagination. A ce compte, île ciné apporte quelque chose. Il est capable de renouveler le trésor artistique. Il n’est plus question, en un mot, de photographie seulement, mais d’une peinture mouvante, plus riche, infiniment, que l’image fixe par quoi les artistes se sont toujours exprimés.
(Voir suite page it.)
CE QUE NOUS VERRONS SUR L’ÉCRAN: ANNETTE KELLERMAN dans
LA REINE DE LA MER
Une légende des pays nordiques, interprété savamment pour l’écran, par un maître de la cinématographie américaine; des scènes marines, des déshabillés galants d’ondines — toutes les audaces ne sont-elles pas permises à ces princesses des flots — puis des costumes tenant du Carthaginois, tuniques de peaux de bêtes, casques garnis de trophés de chasse, lourdes épées d’airain; enfin une action eaptivante, nous transportant dans un pays de rêve, dans une athmosphère plus fluide que la réalité...
C’est tout cela que nous apporte le beau conte filmé La Reine de la Mer, dont nous avons hâte de dire le scénario à nos lecteurs, en l'agrémentant de quelques .unes des plus pittoresques illustrations de cette très belle fresque animée.
Lorsque Orphée eut charmé les sirènes, devenues muettes d’admiration en écoutant le divin chanteur, celles-ci, de désespoir, se précipitèrent dans là mer, se changèrent en rochers, ou s'enfuirent vers les mers boréales où — dit-on — elles vivent encore.
C'est là qu’au milieu de ses compagnes, règne l'Ondine Mérilla (Annette Kellerman). Elle a le charme de la vague, la souplesse de l’algue, la bonté du dauphin; elle est poisson, perle, fée, femme; elle est la fleur vivante de la mer.
Un jour que Mérilla jouait dans les jardins de Focéan, elle trouva un vieux manuscrit qui traitait de la vie des sirènes. Elle apprit ainsi qu’elle pouvait, en sauvant quatre vies humaines, regagner sa divinité primitive et, avec elle, l’immortalité. Et, de ce jour, Mérilla n'eut qu’une pensée: porter secours aux naufragés.
Mais cette côte inhospitalière était habitée par les filles de Borée, le maître redoutable de l’ouragan et des tempêtes. Nées de la falaise et du vent, les « Boréïdes » étaient de terribles naufrageuses qui attiraient sur les brisants les navires et les matelots. Un jour que le feu avait pris à bord d'un navire, Mérilla, voyant les hommes en péril, décide
Pianos FEURICH
MICHEL MATTHYS - '
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de reconquérir sa divinité. Déjà elle était parvenue à sauver trois marins de l’équipage, lorsque loin de là vivait, dans le royaume du Boréal, le bon vieux roi Christian qui était le père de ses
« Boréïdes » intervinrent pour lui ravir ceux qu elles considéraient comme leurs proies. t\y sujets. Le roi Christian avait décidé que son fils, le prince cros, épouserait la princesse Leandra, la
A leur retour dans la caverne de l’ouragan, les « Boréïdes » se plaignirent de l’intervention de la à iOjA/ fille de son voisin d au-delà des mers, qu il n avait jamais vue, mais que la renommée célébrait comme sirène et Borée, furieux, résolut de la châtier. A cet effet, les guerriers forgeurs d’éclairs se lancèrent à la'r<7onne et belle. Le prince Eros faisait voile vers le royaume de la princesse et occupait ses loisirs à rimer un poursuite de l’ondine qui fut faite prisonnière avant le coucher du soleil. Mais plutôt que de renoncer à MK rondel à sa fiancée inconnue, lorsque se dressa devant lui le génie de la fantaisie, Ariela, reine de 1 air. Elle dit porter secours aux mortels attirés par les * Boréïdes », Mérilla préfère les chaînes de l’esclavage et la cap- >| au jeune prince le supplice de la sirène et comment, dans la caverne de l’ouragan, se trouvaient tous les trésors
tivité dans la grotte des ouragans. Q7 volés aux bateaux volés par Borée.
Et le bon Prince, aidé de ses chevaliers, fit le siège de la grotte des Vents. Chasser les gnomes, s'emparer du butin, délivrer la Sirène, tout fut réalisé en quelques instants. Mais comment résister au charme de la belle Ondine? Déjà le Prince Eros faisait l’aveu de son amour lorsque Ariela, intervenant, lui rappela sa foi jurée à la petite Princesse à qui son père l’avait lié par le serment.
Et la Sirène délivrée s’en fut rejoindre ses compagnes. Et le Prince, le chagrin au cœur, reprit la route marine qui le ramenait au port de départ.
Mais Borée allait se venger du rapt de ses trésors et de la délivrance de la Sirène. Monté sur son vaisseau-fantôme, appelant le Tempête et l’Ouragan à la rescousse, Borée se précipitait à la poursuite du jeune Prince dans l’intention de couler son navire et de noyer tous les ravisseurs de ses biens,
La mer faisait rage. Mais Mérilla, prévenue par l’Amour, veillait. A peine le navire royal était-il
brisées. Relevée par les gens de la Princessse et portée par eux dans la carrosse, elle sera présentée au roi Christian comme étant la belle Léandra que personne ne connaît d'ailleurs à la Cour. Mérilla consent à se prêter à cette comédie pour parvenir auprès du Prince et l’engager à délivrer sa fiancée, prisonnier du cruel Borée. Là est le bonheur! Là est le devoir!
Mérilla, par la voie des Ondes, at le Prince Eros, par la voie terrestre, vont au secours de la Princesse. La Reine de la Mer, qui est tombés au pouvoir des guerriers de Borée et a été enfermé dans la chambre des haches et des glaives, parvient à s’évader grâce à Ariela. Le Prince pénètre dans la grotte avec ses chevaliers, tue Borée, chasse les gnomes, et tout se termine, comme dans le meil leur des mondes possibles, par le mariage du Prince Eros et de la Sirène, et par celui de la Princesse et de son compagnon de jeux.
La Tour magique s’écroula dans la mer frappée
englouti dans les flots que la Sirène déposait sur le sable de la grève le jeune Prince, évanoui. Le quatrième humain était sauvé. Mérilla avait retrouvé sa divinité primitive. Le royaume de l’Air lui appartenait désormais.
Séparée du Prince pour la seconde fois, la Sirène, devenue Sylphide, veillait du haut des cieux sur la destinée de l’heureux mortel, maître de son cœur. Mais de nouveaux dangers étaient à craindre. Borée avait eu vent de l’arrivée de la Princesse Léandre, envoyée par la voie de terre, sous bonne escorte, au Prince Eros et au roi Christian.
Vite, le roi des Tempêtes appelle à son de trompe les Vents àVeuglants. Profitant de la- panique provoquée par des nuages de poussière, il enlève la petite Princesse, il l’emporte et l’enferme dans la chambre des supplices de la Tour Magique qui domine la grotte des Ouragans. En vain la bonne Mérilla est-elle accourue à plein vol. Atteinte d’une flèche, elle s’écroule sur le sol, les ailes à jamais
f>ar la foudre et ainsi prit fin la mirifique histoire de a Reine de la Mer, Mérilla.
Nous . n’avons point exagéré en disant que le scénario captive. Ce thème, merveilleusement mis en scène, est rendu à souhait par une interprétation soignée qui groupe de beaux talents. Parmi ceux-ci, c’est le rôle principal tenu à ravir par la jolie étoile Annette Kellerman qui retient le plus les regards. On sait que Miss Kellerman est une nageuse célèbre en France, où elle acquit une réputation universelle comme sportwoman et nageuse, dans les plus grands championnats de natation, notamment la traversée de Paris à la nage.
En choisissant cette jeune femme, si spécialisée dans l’élément fluide. Fox — éditeur du film — fit preuve de jugement. Et ce n’est pas un des moindres éloges à faire aux réalisateurs, que de savoir trouver le talent, sous quelque forme qu'il se présente, là où il se trouve. EMKA.
Ce que les metteurs en scène français nous préparent
pour Tannée 1923.
Notre confrère français « Cinémagazine » s’est plu à demander à quelques maîtres français quels étaient leurs projets et les œuvres qu’ils avaient en chantier. Nous transcrivons à l’adresse de nos lecteurs le fruit de cette enquête:
Les projets de Louis Feuillade.
« Je termine actuellement le « Fils du Fli-» bustier », à Marseille, avec Simon-Girard et Sandra Milowanoff, nous écrit-il. Le joyeux Biscot nous a momentanément abandonnés à la fantaisie des flots et des vents, car, dans ce film, il joue un rôle de flibustier terrible qui le met à l’abri du tangage et du roulis.
» En rentrant à Paris, je tournerai les dernières scènes d’intérieur. Après, si ce roman d’aventures plaît, j’écrirai un nouveau scénario du même genre. Il me semble que je viens de faire une découverte en embarquant ma fidèle troupe sur une frégate du XVIIe siècle. La mer me tente et je ne sais si je résisterai à Pappel des sirènes; notre navire a si bon air dans le vieux port, et ses canons de bronze, ses châteaux surélevés, ses lanternes de poupe lui confèrent une telle noblesse parmi les autres vaisseaux qui le contemplent de tons leurs hublots!...
» L’avenir est peut-être sur l’eau!...
Les projets d’Henry Roussell.
« Je vous écris au milieu de la bousculade affolante, traditionnelle, du bipède qui s’élance dans l’aventure terrible qui consiste à réaliser un navet. Pas le temps de dormir ni de manger, donc pas d’espoir de me voir écrire des papiers destinés à faire assavoir aux peuples mes idées de derrière la tête.
» Pour,1e moment, mise en marche d’un grand film. Histoire d’amour située pendant la période de la domination des Flandres par les Espagnols. Naturellement, reconstitution historique de cette période; gros business.
» Personnel technique: administrateur :
Jean de Moily; chefs photographes: MM. Kruger et Asselin; assistants opérateurs: MM. de Gualbert, et Samson; dessinateur: M. Ar-nou.it; décorateurs: MM. Dumesnil frères; costumier: M. Souplet; régisseurs: MM. Bader
et Decray; accessoiristes-machinistes: MM. Prieur et Legrain.
» Sauf l’étoile: la célèbre chanteuse espagnole, Radie 1 Meller, le personnel artistique sera entièrement français (Marcel Vibert, Roanne, Schultz, Albert, Bras, Mornav, etc.) et le film sera exécuté sur un « studio français x, malgré ce qui a été annoncé.
M. L. Feuillade.
AUTO-PIÀHOS DUCANOLA FEURICB
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12
M. Henry Roussell.
» Ce sera )e « premier film » exécuté sur scénario « français » (auteur votre serviteur), par un directeur « français », un personnel « français » (sauf la star, qui est en tout cas latine), pour le compte d’une firme américaine, la « Famous Players Lasky Paramount Corporation », de New-York. »
Les projets de Germaine Dulac.
« Un de mes collègues m’a accusée de vouloir filmer tous les opéras-comiques!!! Que je serais heureuse d’avoir tant de réalisations einégraphiques en perspective! Malheureusement, mes projets sont moins nombreux. Je viens de commencer « Werther... » sans la musique de Massenet, et d’après Goethe. Puis, avant d'entreprendre « Manon », sans la musique de Massenet, et d’après le livre de l’abbé Prévost, je tournerai sans doute un petit film lyrique, que j’ai composé d’après « Le Lac », de Lamartine... et sans la musique de Nieder-meyer. »
Quand on a lu
Ciné-Revue
on ne la jette pas d’nn geste distrait, on Vemporte chez soi.
Le Film expressionniste
(Suite, voir page 5)
Mais même si l’expressionnisme triomphait momentanément, il ne fermerait pas Tère de recherches où nous sommes.
M. Maurice Delille l’écrivait dans « Hebdo-Fi'lm » (n° du 20 mai 1922): « Le cinéma tout entier, qu’il soit américain, anglais, français ou allemand, en est encore aux tentatives, toutes comportent leur large part d’indigence et d’erreur et c’est pure maladresse que de vouloir cristalliser des formules d’art ou créer des écoles, quand la technique elle-même reste floue et imprécise. »
Ce sont paroles de raison. En vérité, l’ex-perfectionnements entraîneront fatalement des technique cinématographique. De nouveaux perfectionements entraîneront fatalement des recherches d’art nouvelles. Et on ne peut que se louer de voir le « Septième Art » répondre, dès à présent, et dans une large mesure, aux espérances qu’il avait suscitées chez ceux qui éprouvent le besoin, l’angoisse d’un renouvellement!
FRED.
M** Germaine Dulac.
La plus forte émotion de ma vie.
Notre enquête suit son cours. Sur cette page, c’est aujourd’hui la sémillante Léatrice Joy qui vient nous faire ses confidences.
Interrogée sur la plus forte émotion de son existence, la délicieuse vedette — dont l’œil brun Clair et la noire chevelure, et la grande
être malade. La vérité fut cependant plus cruelle encore. Je devais conduire une auto sur un quai surplombant la voie et tenter d’engager une course de vitesse avec 'le train; puis, à un moment donné, il me fallait 'lâcher l’auto et me suspendre à un pont cependant que le train et mon auto entraient en collision. Je me prêtais à tout comme un automate et je ne saurais vous dire comment les choses se passèrent. Je ne voyais plus rien et en me laissant tomber, je ne sus vraiment si j’allais m’écraser sur la voie ou bien demebrer sus-
Leatrice Joy.
beauté sont la joie des yeux — s'exprime en ces termes:
« Les grandes hauteurs m’attirent, toujours. Une fenêtre dans un grand bâtiment est, pour moi, un lieu de mystère. Voici pourquoi: lorsque Cecil B. de Mille annonça que nous a 11 ion s tourner toute une série de scènes sur un sémaphore de chemin de fer d’une hauteur de 100 pieds pour le film « Samedi Soir », je fus tellement impressionnée que je faillis
pendue sur le quai comme c’était prévu. Enfin tout se passa très bien, puisque vous me voyez en parfaite santé: mais ce fut certainement ma plus forte émotion.
» Combien à celle-ci je préfère le souvenir de cette autre émotion que je ressentis un jour que, visitant une prison, le gardien, fort spirituel, s’avisa de im’enfermer pouf quelques instants. La libération fut douce... »
MARNIX.
cVo/r les Crimes à nos Qedrices, page 16.
" EN DANGER!,
Nous avons eu l’occasion de nous entretenir avec plusieurs sommités du monide cinématographique. Toutes sont d’aoeord à considérer la situation comme excessivement difficile et pénible. A Bruxelles, élle est devenue insoutenable.
Comment, payant à l’Etat des taxes qui s’élèvent à 21 p. e., les cinémas peuvent-ils encore satisfaire à un impôt de 7 112 p. c., faisant un total écrasant, nouveau fardeau que la ville vient de jeter sur des épaules déjà fléchissantes.
Ils se déclarent impuissants à exploiter dans des conditions semblables et demandent que l’on donne la valleur d’un principe à cette •revendication: proscription de toute taxe provinciale et communale.
Répondant aux plaintes des communes, dont l’occupation a vidé la caisse, le gouvernement a modifié les sources de revenus de nos cités, plus abondantes que jadis. L’impôt communal sur les cinémas ne se justifie d’aucune façon.
Lorsqu’elles y ont recours, 'les communes se méprennent étrangement sur la capacité financière des cinés.
« Leurs représentants nous déclarent, disait l’un des membres les plus importants de l’Union cinématographique, qu’il nous est aisé de récupérer la taxe en augmentant le prix ue nos places.
» Nous ne Je voulons pas. Nous trouvons qu’elles répondent aujourd’hui à nos frais et nous estimons qu’il est inutile de réclamer de notre clientèle un plus grand effort. En commerçants logiques et raisonnables, nous n’én-tendons pas la décourager, l’éloigner de nous.
» Certaines communes aimeraient à faire peser sur nos établissements toutes les conséquences de la mesure et à nous rendre odieux à la partie la moins fortunée de la population.
» Nous entendons déjouer cette tactique et nous avouons être prêts à la dénoncer autant que le pmi voir nous en sera donné.
» Il serait préférable de voir les communes agir avec plus de franchise et de. percevoir elles-mêmes la taxe sur les salles de spectacle. Pourquoi un guichet ne leur serait-il pas réservé, desservi par un employé communal qui toucherait le supplément?
» Le public comprendrait mieux dès lors notre situation et les difficultés que nous avons à vaincre.
» Lui réclamer de l’argent? Nous avons dit le motif de notre hostilité à cette mesure. On nous a répondu: « Nous ue vous invitons pas
» à augmenter les petites places; obéissez à la taxe en l’appliquant uniquement aux pla-» ces les mieux rétribuées. »
» Le beau raisonnement! Le public les désertera, refluera aux autres et nous ne toucherons pas un centime de plus. De nos recettes il faudra toujours défalquer le nouvel impôt; nous exploiterons en perte; c’est nous mener à la ruine. »
A cette opinion émise par une autorité de l’Union cinématographique, ajoutons celle, en tous points conforme, de plusieurs membres de la Ligue Cinématographique. « Vous nous interviewez au nom de « Ciné-Revue »; dites-lui que nous sommes heureux de recevoir son appui. A combien de vedettes elle a rendu un juste hommage pour la plus grande satisfaction de nos clients et que de films, en, d’élégantes illustrations, élle a annoncés. C’est tout un monde brillant, chatoyant, comique ou tragique, source de plaisirs, d’imprévus variés, qui est menacé. Disparaîtra-t-il?
« Ciné-Revue » ne pourrait-elle faire appel au bon sens, à la compréhension saine des choses des autorités. S’imaginant que nos ressources sont indéfinies, elles nous réduisent h la misère. Or, nous préférons fermer que de faire faillite.
On ne cesse de répéter: « Pourquoi vous plaindre, vous avez de nombreux spectateurs, répantissez sur eux ce que nous vous réclamons. » Nous ne le voulons pas; nous ne sommes pas des receveurs de contributions. Touchez directement, si cela vous convient.
On abuse; aucune industrie n’est frappée comme la nôtre. C’est comme si l’on avait, décrété la mort du cinéma. 1,’esprit prohibi-tionnisite. l’une des plaies de notre temps, semble hanter les cervelles de nos dirigeants. Lorsqu’en fait preuve l’étranger, que de protestations. Nous n’admettons pas que nos voisins du Sud élèvent leurs barrières douanières pour empêcher nos produits de passer.
Prohibition! prohibition! L’exagération des taxes mène au même résultat. Nous nous heurtons à des barrières fiscales qui nous interdisent toute marche en avant.
Nous devons les faire tomber ou disparaître. Nous sommes « en danger! », le titre d’un film qui vient d’être tourné. En danger de mourir et ce film, lui aussi, a son émouvante tristesse.
Ne manquez pas d’insister dans « Ciné-Revue » — nous sténographions — sur nttre accord absolu avec les directeurs de théâtres. Formant bloc, nous réclamerons des pouvoirs
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MORISONS
lave le linge sans déchirer un seul fil, sans aucun mécanisme intérieur pouvant endommager les tissus.
Pas de billes, pas de ressorts, pas de rouleaux.
L’eau de savon est chassée à travers le linge de gauche à droite, de droite à gauche, du milieu vers les côtés et de bas en haut.
Le lavage ne demande que six minutes. Plus de cuisson nécessaire. La machine est mise en mouvement par son propre poids.
Une femme peut la servir, soit assise, soit debout.
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publics un projet de taxe unique, 10 p. c. sur nos recettes totales.C’est le vœu que formulera le 12 courant le Congrès des directeurs de théâtres, d’aocord avec, les directeurs des cinémas.
La taxe de luxe est de 10 p. c.; pourquoi la dépasser en notre défaveur?
Que l’on établisse un régime de justice pour tous. Et à ce propos pourquoi les théâtres ne sont-ïls condamnés qu’à payer une taxe unique de 15 p. c. de leur recette totale, alors que la taxe actuellement payée par les cin'émas et dont le coefficient varie selon la valeur des places les plus .chères qu’ils comportent, va jusqu’à 25 p. c. et parfois jusqu'à 27 p. c.?
Cette taxe de 15 p. c. sur les théâtres est exagérée;; nous la combattons; nous demandons qu’elle soit réduite à 10 p. ç., mais à plus forte raison que penser de celle qui nous accable? Le point de départ est faux, l’on a prétendu que les cinémas gagnaient de l’or en barre; nous réclamons une impartiale enquête.
Ne se douterait-on pas de nos frais? Nous en sommes accablés.
Le prix des films, nos loyers ou le revenu des immeubles qui font partie de notre c&pi-é tal, l’électricité, l'orchestre, le personnel, les primeurs cinématographiques à se disputer, quelle addition!
Lin examen sérieux dévoilerait la situation qui nous fait, et rendrait plausibles et compréhensibles nos protestations. »
Les directeurs de théâtres et les directeurs de cinémas vont donc mener, complètement unis, la campagne salvatrice en faveur de la taxe unique de 10 p. c., taux de la taxe de luxe.
On vient de lire leurs arguments; on reconnaîtra qu’ils sont nombreux et la plupart parfaitement fondés. S’il n’en est tenu aucun compte ils menacent de fermer toutes les salles de spectacle. Voit-on Bruxelles sans théâtres, sans cinémas!
Le public qui a connu les déboires de toutes les grèves, espère qu’on lui épargnera ce chômage ultime.
A la suite du Congrès, des pourparlers se produiront, des vues seront échangées, djs concessions seront faites et les Pouvoirs Publics comprendront qu’il est de leur intérêt de ne rien exagérer.
Mieux vaut de nombreux cinémas payant de justes redevances, comme ils y consentent en présence du terrible budget qui écrase la Patrie, justes mais coniormes à leur capacité financière, que quelques-uns, assez puissants pour résister à toutes les tempêtes fiscales.
Le Trésor ne peut vivre au mqyen d’exceptions; il ne s’enrichit que s’il fait appel fl toute une corporation. Vouloir la décimer, même à un point de vue objectif, pour atteindre le but, c’est le manquer.
Georges de STOCKEL.
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